L’étage de végétation méditerranéen aride
Cet étage occupe d’énormes surfaces au Maroc. Au nord de l’étage saharien, il envahit tout l’Anti Atlas et le Sagho en respectant leurs sommets, le Sous est entièrement dans son domaine qui se prolonge profondément dans les vallées du Haut Atlas. Tout le versant sud de cette chaîne lui appartient, il contourne le Grand Atlas Oriental et s’étend sur tout le Maroc oriental en entourant les crêtes des reliefs, et occupe toute la vallée de l’Oued Moulouya à cause de l’écran que forme le Moyen Atlas.
Au nord du Haut Atlas l’étage bioclimatique aride forme une grande enclave dans le Haouz-Tadla qui va jusqu’au pied de la montagne. Ce qui montre l’importance et le rôle de l‘Atlas qui, sans lui, l’étage aride se prolongerait jusqu’à l’Oriental.
Dans les pays circum-méditerranéens, on ne trouve cet étage qu’en Asie Occidentale et en Afrique du Nord, les pays de la rive nord de cette mer ne sont pas aussi secs. En dehors de la Région méditerranéenne, cet étage est représenté en Afrique du Sud, au sud de la Californie, au centre du Chili et en Australie.
L’étage de végétation aride est caractérisé par une faible pluviosité aggravée par des températures élevées qui accentuent la sécheresse par une forte évapotranspiration. Deux variantes se différencient nettement dans cet étage, l’une à hivers chauds qui permet le développement d’une végétation forestière et qu’on pourrait appeler étage aride arboré, l’autre à hivers très froids et à étés très chauds et venteux.
En raison de l’éloignement de l’océan, l’amplitude thermique augmente, le gel des hivers engourdit les plantes et le printemps est trop bref pour permettre une longue période de végétation. Aussi les arbres sont-ils absents dans le paysage botanique de ce sous étage qu’on pourrait appeler étage aride asylvatique. Seules les berges des cours d’eau et les ravins bénéficiant de bonnes conditions hydrologiques, peuvent abriter des formations ligneuses.
L’étage de végétation aride arboré, chaud ou océanique, est caractérisé au Maroc par la forêt d’arganier qui est localisée essentiellement dans le Sous et sur les versants atlasiques avoisinant. L’arganier déborde vers le nord en se mélangeant avec le thuya, et vers le sud en montant à l’assaut des pentes de l’Anti Atlas.
L’aire naturelle de l’Arganier était probablement beaucoup plus vaste à un certain moment de son histoire car plusieurs stations isolées ont été signalées en dehors de son aire actuelle, aux environs d’Amizmiz et de Chichaoua. Les stations les plus éloignées ont été signalées aux environs de Berkane dans la basse vallée de la Moulouya, et dans la vallée moyenne de l’Oued Grou aux environs de Rommani. Cette dernière station existe toujours, elle a été redécouverte récemment par les agents du service forestier local.
Par ailleurs l’enclave du Haouz-Tadla, qui fait partie de ce sous étage, était jadis recouverte d’une savane d’Acacia gummifera accompagné de jujubier(Zizyphus Lotus), il en est de même pour le bassin de la Moulouya inférieure où l’Acacia est remplacé par le Pistachier de l’Atlas. Cette végétation a disparu sous la pression anthropique, seule l’Arganeraie subsiste encore en raison des différents services qu’elle rend dont l’évidence a poussé les populations usufruitières à mieux la respecter.
La végétation des bords des Oueds est essentiellement composée de Tamarix, de peuplier blanc(Populus alba), de laurier rose(Nerium Oleander) et de Vitex Agnus castus.
La forêt d’Argania spinosa, qui est une espèce endémique, est très claire en raison de l’exploitation agroforestière spéciale dont elle fait l’objet. L’Arganeraie primitive était plus dense avec un sous-bois abondant de Zizyphus et de Cytise. Sur les parties très douces du littoral, qui relèvent de l’étage semi-aride, des espèces succulentes accompagnent l’Arganier : les Euphorbes cactiformes, Kleinia, Senecio, l’Oléastre, le Lentisque, le Tizra, Acacia gummifera et des lianes. Dans le pays nettement aride, on trouve le Jujubier, le Pistachier de l’Atlas, Euphorbia Echinus etc.
L’étage méditerranéen aride asylvatique, est caractérisé sur les hauts plateaux de l’Oriental et dans la haute vallée de la Moulouya, par la steppe d’Alfa(Stipa tenacissima) et d’Armoise ou Chih(Artemisia Herba alba), qui se partagent le terrain en fonction de la nature du sol. L’Alfa préfère les sols sableux et rocheux bien drainés, alors que le Chih affectionne les sols argileux. Le long des cours d’eau, poussent Populus alba et Populus euphratica ainsi que le Saule (Salix purpurea). Zizyphus Lotus et Retama ne sont pas rares dans les Oueds temporaires.
Dans cette steppe d’Alfa alternant à perte de vue avec l’Artemisiaie de Chih, seules les espèces hallophiles comme les Atriplex et Salsola vermiculata, viennent rompre la monotonie du paysage botanique de ces immenses solitudes de l’Oriental où la rigueur de l’hiver et le soleil de plomb de l’été, interdisent aux arbres de se développer.
Publié par driss abdelouafi