On
Les Subéraies.
L’Arganier occupe au Maroc la deuxième place, du point de vue superficie, après le Chêne vert. Cette Sapotacée qui unit l’empire floral Méditerranéen au monde floral tropical, règne actuellement sur tout le sud-ouest du Maroc septentrional, où elle couvre 871.000 hectares, avec 17 millions de m3 de bois sur pied. Son aire actuelle commence un peu au sud de Safi et s’étend presque jusqu’aux crêtes de l’Anti Atlas. Mais c’est dans le Sous, véritable patrie de l’Arganier, que cette essence occupe les étendues les plus vastes. Elle pénètre profondément dans les vallées et monte jusqu’à 1.500 m d’altitude.
a évoqué dans le
chapitre précédent que les essences forestières marocaines, à la lumière de
leurs répartitions spatiales respectives, devaient avoir occupé chacune
d’elles, des surfaces très importantes au cours de leur longue histoire. Chaque
espèce devait profiter des conditions climatiques qui lui sont favorables pour
dominer les autres.
L’Arganier, espèce très archaïque que l’on trouve encore
dans l’Oriental, aurait occupé toutes les plaines et plateaux de tout le Maroc,
de l’Anti Atlas jusqu’aux Béni Snassen. Les Acacias qui sont des éléments
tropicaux au même titre que l’Arganier, occupaient tout le Sahara, alors que
Acacia gummifera formait de vastes savanes dans le Haouz-Tadla.
Plus tard, après le recul de la végétation tropicale,
s’est installé la flore méditerranéenne. Le Chêne liège avait une aire immense
et devait couvrir tout le Maroc atlantique des pentes du Haut Atlas jusqu’au
Rif, en contournant les montagnes élevées, trop froides pour lui et où dominent
les résineux : Cèdre, Pins, Cyprès, Sapins, Genévriers. Les conditions
climatiques moins favorables auraient avantagé le thuya au détriment du
chêne-liège dans les zones méridionales et dans les milieux devenus moins
humides (versants sud en montagnes).
Au cours de la période préhistorique le Chêne-liège
occupait encore toutes les plaines et basses montagnes du Triangle
Tanger-Casablanca-Taza, Les terrains calcaires et argileux étant couverts par
la formation Olea-Pistacia-Chamaerops.
L’action de l’Homme devient avec l’accroissement des
populations de plus en plus importante, et son impact sur la forêt se traduit
par une usure des écosystèmes et le déclenchement d’un cycle de dégradation
entraînant la déforestation de grandes étendues.
Ainsi, la répartition spatiale actuelle des massifs
forestiers, est la résultante des vicissitudes historiques, des potentialités
du milieu et des contraintes géographiques et humaines. La forêt, surtout dans
le bassin méditerranéen, est souvent en équilibre instable avec son
environnement climatique, car elles se sont formées à une époque très lointaine
quand les conditions climatiques étaient optimales. Elles se sont érigées en
formations climaciques, associations stables ayant un microclimat
intraforestier qui leur permet de tamponner les fluctuations du climat, grâce à
leur architecture forestière qui maintient en équilibre la température et
l’hygrométrie au niveau du sol.
Les prélèvements abusifs de bois et le surpâturage
entraînent le nivellement de la forêt par le bas. La simplification de
l’écosystème entraîne sa vulnérabilité. La diminution du couvert végétal expose
les sols à l’action desséchante et minéralisatrice des rayons solaires. Ces
sols perdent leur structure, leurs mycorhyzes et leur microfaune et deviennent
faciles à emporter par les eaux de ruissellement. L’érosion s’accélère et la
biocénose d’un milieu finit par disparaître.
La surface recouverte par le
domaine forestier, d’après les résultats de l’inventaire forestier national de
l’année 1994, est de l’ordre de 9.037.000 hectares, réparties entre 4.821.000
ha de forêts naturelles, 407.000 ha de matorral, 490.000 ha de forêts
artificielles et 3.318.000 ha de nappes alfatières. En ne tenant pas compte des
surfaces couvertes par l’Alfa, le taux de boisement au Maroc est de huit pour
cent (8 %).
A titre de comparaison, la FAO estime le couvert forestier
pour l’ensemble de l’Afrique à 17,7% en 1995, avec 2,2% pour l’Afrique non
tropicale dont 1,2% pour l’Afrique du Nord.
Les forêts qui subsistent existent presque toutes en
montagne, saufs les massifs de Chêne liège atlantique des plaines
septentrionales et la forêt d’Arganier. Même en montagne elles sont inégalement
réparties. Les zones humides et subhumides du Moyen Atlas et du Rif, conservent
encore des massifs forestiers relativement en bon état. Le Haut Atlas, plus sec
dans son ensemble, est plus pauvre en forêts. Son versant sud est presque
dépourvu de couverture forestière, sauf sa partie occidentale qui reçoit directement
l’haleine de l’Océan et qui est protégée par l’Anti Atlas de l’influence
directe du Sahara.
Les Cédraies.
Avec son port majestueux, sa forme élancée et ses branches
latérales esthétiques, le Cèdre de l’Atlas est le roi de nos forêts. Il est la
parure du Moyen Atlas et du Rif, une couronne sur nos montagnes.
Dans le Rif les Cédraies sont localisées surtout sur les
sols siliceux, les montagnes calcaires appartenant au Sapin du Maroc. Dans le
Moyen Atlas par contre, les Cédraies existent sur les calcaires. Dans le Grand
Atlas oriental, les Cédraies occupent les flancs des montagnes où la pluviosité
est à son niveau maximal. Elles croissent ici, aussi bien sur roches siliceuses
que sur calcaire.
La cédraie bien formée et peu saccagée par l’homme est une
futaie splendide parsemée de quelques chênes verts et d’Ifs avec un sous bois
comportant quelques pieds d’Oxycèdre, d’Aubépines, de rosiers et une fine et
claire strate herbacée. Elle est très différente d’une région à l’autre. Dans
Rif et le Moyen Atlas oriental, elle est riche en éléments septentrionaux et
Ibériques. Dans le Moyen Atlas central et le Haut Atlas oriental, les éléments
floristiques précités sont rares, alors que le genévrier thurifère prend une
place importante.
Les cédraies qui s’étendent au
Maroc sur près de 133.000 hectares, avec un volume de bois sur pied de 25
millions de m3, risquent de voir leurs surfaces s’amenuiser en raison des contraintes humaines et climatiques qui entravent
sérieusement la régénération naturelle. En effet, les coupes sombres, les
incendies et le surpâturage nuisent aux semis de cèdre qui n’arrivent à
s’implanter que très difficilement. Car il faudrait un concourt de conditions
pluviométriques et thermiques favorables au cours de plusieurs années
successives, qui ne se réalisent pas souvent, pour que la régénération
naturelle réussisse dans ses différentes étapes : fructification,
germination et enracinement de la plantule.
La levée de dormance retardée par les basses températures
empêche la germination précoce, ainsi le plant ne peut bénéficier que des
dernières pluies et ne se développe pas suffisamment pour pouvoir franchir le
cap stressant de l’été. Aussi, les semis qui réussissent à s’implanter sont-il
rares.
Encore faut-il que ces semis soient respectés par une mise
en défens effective, et que la couverture arbustive qui joue un rôle de
protection soit suffisamment dense, peu affectée par les coups de hache et la
dent du bétail. Le chêne vert qui est l’élément le plus constant du cortège floristique
du cèdre joue un rôle important en procurant aux semis de l’essence dominante
un microclimat favorable à leur développement. Sous couvert du chêne vert, le
sol est protégé de l’intensité des rayons solaires et conserve plus d’humidité,
ce qui permet aux jeunes plants de dépasser le cap difficile de la saison
sèche.
Dans une cédraie incendiée, le chêne vert qui est plus
résistant au feu que le cèdre, repousse rapidement en taillis et forme un
abri favorable pour les semis de cèdre
bien que le couvert ne leurs soit pas absolument nécessaire. Le chêne vert
protège quand même le sol contre l’érosion et empêche les troupeaux d’anéantir
la régénération.
Dans les cédraies d’altitude élevée, où les conditions
thermiques et pluviométriques sont si sévères, la régénération naturelle est
quasiment inexistante. Les arbres qui subsistent sont vieillissants et les
dépérissements sont fréquents. La dégradation du milieu arrive à un degré très
avancé et dans certain cas irréversible.
Aussi, les Cédraies qui sont encore en bon état
doivent-elles être à tout prix conservées et reconstituées. Car la valeur de
cette espèce est inestimable à bien des égards : économique, écologique et
scientifique. En effet, le Cèdre de l’Atlas endémique du Maroc et d’Algérie et
dont le genre ne renferme que quatre espèces, a une grande valeur économique et
l’action de ses forêts sur l’environnement, est d’une grande importance
La Sapinière du Maroc.
Le sapin du Maroc n’existe que dans le Rif où il est
localisé à l’est de la ville de Chefchaouène sur les montagnes calcaires. Les
surfaces qu’il occupait en 1938 était estimée à 15.000 hectares. Actuellement
il n’en reste que 3.000 hectares, avec un volume de bois sur pied de 772 mille
m3.
Ces peuplements croissent généralement entre 1.500 et
2.000 mètres, mais se maintiennent difficilement sur les sommets de montagnes
en raison de la sécheresse de ces cimes, ce qui profite au cèdre qui, dans ces
conditions domine le sapin. Ces sapinières sont généralement clairsemées, mais
elles peuvent être denses sur les versants nord difficilement accessibles.
Elles ont, dans ce cas, l’aspect des sapinières de l’Europe.
Les essences qui accompagnent le sapin en plus du cèdre,
sont le chêne vert, le chêne zène, l’If, le pin maritime, le pin noir. Le
sous-bois est composé principalement de l’Oxycèdre, de sorbus aria, les
aubépines, Daphne Laureola, Ruscus aculeatus etc. la strate herbacée est aussi
très variée. En somme, la sapinière est floristiquement comme une cédraie dans
laquelle le cèdre aurait été remplacé par le sapin. Mais la dégradation des
sapinières ne profite pas au cèdre, mais aux chênes et au sous-bois qui le
tiennent souvent en échec par une forte concurrence.
Les pinèdes.
Les pins naturels couvrent au Maroc près de 82.000
hectares, avec un volume de bois sur pied de 4,6 millions de m3.
Trois espèces de pins existent à l’état spontané au
Maroc : le pin d’Alep, le pin maritime et le pin noir. Seules les deux
premières essences ont un intérêt forestier, alors que le pin noir du Maroc est
une espèce endémique et une relique floristique remarquable qui n’existe qu’en
très petites colonies dans le Rif.
Le pin d’Alep croît principalement sur le versant
méditerranéen du pays. Sur le versant atlantique on le trouve surtout dans les
régions où le climat se rapproche le plus au climat méditerranéen typique. Les
peuplements les plus importants se trouvent dans le Rif oriental et dans la
vallée de la Téçaout. Ailleurs il est très disséminé. Les stations les plus
proches de l’Océan sont celles localisées dans la région de Ouezzane au Nord et
dans les montagnes d’Amizmiz au Sud.
Quant au pin maritime, il
occupe au Maroc une aire aussi dispersée que celle du pin d’Alep. Il est
toujours un arbre de montagne que l’on peut rencontrer à partir de 1.000 m
d’altitude dans le Rif et 1.500-1.600 m dans le Moyen Atlas oriental et central
et le Grand Atlas oriental.
Dans le Rif les stations sont surtout nombreuses dans la
moitié occidentale de la chaîne. Les boisements du Moyen Atlas oriental, dans
le massif de Moussa Ou Salah Reggou, sont les plus importants suivis des
peuplements de la région d’Ifrane (Dayet Achlef).
Dans le Rif la forêt de pin maritime est associée au sapin
ou au cèdre, au chêne liège ou au chêne vert suivant la nature des sols. Dans
le Moyen Atlas, elle est parsemée de quelques pieds de cèdre et de chêne vert,
avec un sous-bois composé de genévrier Oxycèdre, d’aubépine, de cytise et de
ciste etc.
Contrairement au pin maritime des Landes qui est nettement
calcifuge, le pin maritime du Maroc croît chez nous sur des sols riches en
calcaire.
Cette essence résineuse tient au Maroc une grande place.
Au cours des années trente, les surfaces recensées s’élevaient à 650.000
hectares,. Actuellement, le thuya couvre près de 565.800 hectares, avec un
volume de bois sur pied de 5,4 millions de m3, en grande partie sur le versant
atlantique. En raison des froids que cet arbre ne supporte pas, les climats qui
lui conviennent ne tiennent pas une grande place sur le versant méditerranéen.
En raison de la continentalité, le thuya ne dépasse pas la
latitude de Debdou-Berguent au Maroc oriental, tandis qu’à l’Ouest il descend
vers le Sud jusqu’à l’Anti Atlas occidental.
L’aire du thuya au Maroc paraît donc divisée en trois
blocs :
Le bloc oriental et du Moyen Atlas qui comprend les
boisements du Maroc oriental, du Rif et ceux du Moyen Atlas, qui
totalisent 162.100 hectares.
Le bloc central qui englobe les boisements qui s’étendent
dans les vallées de l’oued Beht, de l’oued Grou et des petits oueds côtiers
entre Rabat et Casablanca, qui totalisent 56.250 hectares.
Le bloc méridional qui est le plus important comprend les
peuplements du Haut Atlas et de la vallée du Souss. Là, le thuya s’installe
dans une frange sous l’étage du Chêne vert et s’intercale entre cette essence
et l’Arganier sur le versant sud. On le trouve aussi dans l’Anti Atlas jusqu’à
Guelmim/Assa. Ce groupe totalise 347.450 hectares.
Cette essence recouvre les flancs inférieurs des montagnes
jusqu’à une altitude de 1.000-1.200 m. il couvre les premiers contreforts du
Haut Atlas depuis la cote jusqu’à Azilal et longe le Moyen Atlas jusqu’au-delà
de Khénifra, puis réapparaît à l’est de Sefrou, borde le Moyen Atlas et le Rif
oriental, encercle les Beni-Snassen et frange les montagnes du Debdou.
Ailleurs, il existe dans la région d’Oulmes et sur le littoral méditerranéen du
Rif.
L’existence de ces grandes surfaces, en dépit de la forte
pression anthropique, est due à l’extraordinaire résistance du thuya à la
sécheresse et aux incendies. Son seul point faible sont les froids rigoureux,
il se contente d’une faible pluviosité et supporte des températures implacables
dans les stations qu’il occupe. Même brûlé, il rejette de souche, ce qui est rare
chez les résineux. Il est aussi sobre de sols que d’eau et pousse sur les sols
les plus pauvres, des sols qui ne peuvent faire que de la forêt et qui, une
fois dénudés, deviennent irrémédiablement stériles.
Les peuplements de thuya ont le plus souvent la structure
de perchis qui, après exploitation, donnent des taillis. La futaie est très
rare. Ils sont accompagnés de quelques pièces de caroubier, de pistachier de
l’Atlas et de Tizra. La globulaire est parmi les plantes fidèles ainsi que les
cistes sur sols non calcaires. Au Maroc septentrional, la composition
floristique de la Tetraclinaie est influencée par son voisinage de l’Espagne et
du Rif, tandis que dans le Sud elle est sous l’influence du courant floral
tropical.
Le thuya occupait autrefois d’immenses étendues au Maroc.
Malheureusement il a disparu dans bien d’endroits. Il est devenu rare dans
l’Anti-Atlas ; il a disparu dans la chaîne de Djebilet, dans les montagnes
des Rehamna et des plateaux de Oued Zem qui lui appartenaient jadis. Le Rif oriental
et la basse Moulouya sont dans un état dégradé.
Les Junipéraies.
Quatre espèces de genévrier existent au Maroc : le
genévrier rouge, le genévrier thurifère, le genévrier Oxycèdre et le genévrier
commun. Cependant, seuls les deux premiers forment des peuplements forestiers
importants. Le genévrier commun est très rare, croissant uniquement sur
quelques hauts sommets, et l’Oxycèdre forme rarement des peuplements purs mais
il constitue un élément constant dans
presque toutes les forêts, allant du semi-aride jusqu’à l’étage de haute
montagne.
Les Genévriers couvrent au Maroc près de 245.000 hectares,
avec un volume de bois sur pied de près de 10 millions de m3, ils ont
l’avantage de pouvoir former des peuplements forestiers dans des conditions les
plus difficiles de l’étage semi-aride, là où les autres espèces ne peuvent
réussir.
Le Genévrier
thurifère : étant essentiellement un arbre de haute montagne, ce
Genévrier existe surtout dans le Haut Atlas, on le rencontre depuis les sources
de l’Oued N’Fis dans le massif du Tichka des Seksaoua, jusqu’aux montagnes des
Aït Mesrouh au nord de Gourrama, à l’Est du Tizi-n-Telghemt.
Dans le Moyen Atlas, la forêt de thurifère est rare, cette
essence croît presque toujours en mélange avec le Cèdre, en raison du climat
trop humide et pas assez continental pour lui. La forêt de thurifère
lorsqu’elle subsiste, est toujours claire, les xérophytes épineux en boules tel
Bupleurum spinosum, qui caractérisent
les hautes montagnes marocaines, y occupent déjà une place importante.
Le Thurifère, lorsqu’il n’est pas mutilé, est un arbre
magnifique qui mime le Cèdre quand il croît en forêt dense, comme la cédraie
par exemple. Il peut atteindre 20 m de hauteur et 4 m de diamètre,
malheureusement les sujets qu’on rencontre sont presque tous malmenés par
l’homme et donne une mauvaise idée de ce que cet arbre peut devenir lorsqu’on
le laisse s’épanouir.
Il est souvent le dernier arbre témoin des anciennes
cédraies disparues. Les quelques pièces que l’on rencontre dans le plateau
moyen-atlasique de Timahdit-Bekrit, représentent les restes arborescents des
cédraies disparues et non des peuplements autochtones. Malgré sa résistance au
feu et à ses fortes réactions aux mutilations et à la coupe, il finit par
succomber à cette pression constante et disparaît inexorablement des stations
qu’il occupe, car, en plus du surpâturage, la régénération naturelle est très
lente et parcimonieuse.
Le Genévrier rouge,
appelé aussi genévrier de Phénicie, est une espèce qui, comme le thurifère,
préfère le climat continental au climat marin. Mais il existe sur le littoral
où le climat est très doux, dans les dunes maritimes marocaines où il ne peut
être concurrencé par le thuya ou le chêne vert, essences qui ne peuvent
supporter les sables mobiles.
Cet arbre est donc répandu dans le Haut Atlas et
particulièrement sur le versant sud de cette chaîne à l’est de Tizi-n-Tichka.
Il existe aussi dans le Moyen Atlas et dans une moindre mesure dans le Rif. De
façon générale le genévrier rouge se substitue au thuya dès que le climat
devient moins doux, ce qui a lieu par la continentalité ou par l’altitude. Ses
exigences écologiques sont voisines de celles du thurifère, mais il est plus
thermophile. Le Thurifère semble dominer quand ces deux congénères sont en
contact.
La dégradation des forêts de Genévrier rouge est plus
profonde que celle des Tétraclinaies, car ce genévrier résiste moins bien que
le thuya au recépage et au feu. Ses rejets sont surtout des rejets de tige et
non de souche et la régénération par graine est plutôt difficile. Aussi, ces
forêts ont-elles été détruites sur d’énormes
surfaces ; elles ont presque
totalement disparu sur tout le versant sud du Haut Atlas à l’est du Siroua.
La forêt de Cyprès
de l’Atlas, est limitée à la moitié supérieure de l’Oued N’Fis, dans la
vallée de l’Aghbar, en mélange avec le Genévrier rouge. Elle a les mêmes que
floristiques que ceux des Junipéraies de Genévrier de Phénicie. Dans les
stations peu saccagées par l’homme, elle forme des ébauches de futaies avec des
arbres élancés et droits, pouvant atteindre 25 m de hauteur et 100 cm de
diamètre. Les arbres ont la forme horizontale, rappelant en cela la variété horizontalis du Cyprès toujours vert.
Les Subéraies.
Le Chêne-liège est localisé au Maroc septentrional,
essentiellement au nord de la ligne reliant Casablanca à Taza, Mais il occupait
jadis d’énormes surfaces. Les Subéraies actuelles se présentent comme les
survivants des époques humides de l’ère quaternaire ou même Tertiaire. Les
stations disséminées un peu partout au Maroc et très éloignée du centre de son
aire actuelle, notamment dans le Grand Atlas et le Maroc Oriental, sont les
témoins d’une aire du Chêne-liège beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui.
Actuellement cette essence occupe près de 377.500
hectares, avec 10,87 millions de m3 de bois sur pied, elle est surtout
localisée dans la région du Gharb et le long du Rif jusqu’à la forêt de Bab
Azhar de Taza, et dans la région du Chêne-liège atlantique comprenant le
Plateau d’Oulmès, la Mamora et Benslimane.
Le Chêne-liège est manifestement en régression suite
probablement à des modifications climatiques et surtout à la forte pression de
l’homme et de ses troupeaux. Le surpâturage, le gaulage, l’émondage, les coupes
et carbonisations, ont complètement bouleversé l’équilibre écologique des
Subéraies marocaines. Dans le Rif, les défrichements pour la culture du
cannabis ont détruit de grandes surfaces couvertes de chêne-liège. La Mamora
qui recouvrait 130.000 hectares aux cours des années trente, et représentait
donc la plus grande forêt de chêne-liège d’un seul tenant du monde, a vu sa
surface en chêne-liège diminuer de moitié et se limiter à moins de 60.000
hectares au début des années 1980.
La répétition à court intervalle de périodes de
sécheresse, au cours des deux dernières décennies, a certainement aggravé la
situation. Le manque de régénération naturelle, la simplification de
l’écosystème suite au recul du sous-bois qui fait partie de l’architecture
forestière, les blessures survenues au cours des opérations de récolte de
liège, ont affaibli les arbres qui sont exploités comme des fruitiers sans
recevoir le moindre soin cultural appliqué en arboriculture.
C’est ainsi que les chênes-lièges présentent des signes de
dépérissements suite aux attaques parasitaires causées par les champignons et
les insectes xylophages. Les vides en forêt s’élargissent et la densité des
arbres diminue. Les sables dépourvus de végétation risquent de se mobiliser
sous l’action des vents, et c’est le déclenchement de l’ensablement, avec
toutes les conséquences, qu’on imaginera sans peine, sur les infrastructures et
l’environnement.
Il est possible que la pollution atmosphérique, causée par
l’industrie et les rejets des pots d’échappement des véhicules dans la zone de
l’axe Casablanca-Kénitra, agisse en synergie avec les autres facteurs
climatiques et anthropiques pour inhiber la dynamique de la végétation, et
pétrifier l’écosystème de la Mamora qui risque ainsi de disparaître à long
terme.
Les forêts de Chêne-liège ont des physionomies différentes
suivant les conditions écologiques du milieu qu’elles habitent :
Dans la plaine, relativement chaude et sèche du pays de
Rabat-Benslimane, relevant de l’étage méditerranéen semi-aride, la Subéraie est
peu dense. Elle est caractérisée, sur sol sablonneux, par la présence du
Poirier de la Mamora, du Cytise à feuilles de Lin, de la Passerine, de la
Férule.
Sur sols durs (schistes et quartzites), le Cytise, la
Passerine et la Férule sont remplacées par le
Tizra, le Pistachier de l’Atlas, le Ciste de Montpellier etc.
Dans les étages subhumide et humide, les forêts sont,
quand elles ne sont pas très touchées par la dégradation, denses et forment un
dôme de verdure continu. Elles sont souvent envahies par la Fougère aigle. Sur
sols durs, le Chêne Zène et la Bruyère sont des éléments fréquents.
Les Chênaies de Chêne Zeen.
Ce Chêne couvre au Maroc une
superficie de 9.100 hectares avec 2,77 millions de m3 de bois sur pied. Il est
très répandu aussi, mais forme rarement des peuplements purs. La grande masse
est localisée dans le Rif et cette essence se raréfie en se dirigeant vers sud.
Dans le Moyen Atlas, les boisements les plus importants sont ceux de la forêt
de Djaâba qui se trouve entre El Hajeb et Ifrane, et ceux du Jbel Tazekka près
de Taza. Partout ailleurs, le Chêne Zeen croît surtout à l’état isolé. Son
existence dans le Haut Atlas est probablement en rapport avec un climat révolu
beaucoup plus humide que l’état climatique actuel.
La forêt de Chêne Zeen qui est à feuilles caduques,
présente des phases saisonnières marquées par la décoloration et la chute des
feuilles, ce qui lui confère l’aspect des Chênaies de l’Europe tempérée. Dans
son milieu de prédilection, où le climat est humide, elle est à l’état pur ou
parsemée de Chênes verts ou de Chênes-lièges.
Elle est difficile à conquérir par les autres essences en
raison de son couvert dense et de l’abondance de ses glands. Le Cèdre ne prend
que très difficilement pied dans la Chênaie de Chêne Zeen, mais on peut trouver
des Cédraies au voisinage de Chênaies pures sans que ces dernières en soient
influencées.
Mais quand la forêt commence à se dégrader ou quand elle
est à la limite de ses conditions écologiques optimales, il en est autrement,
le Chêne Zeen devient moins résistant aux attaques de son congénère le Chêne
vert et devient un arbre sporadique.
Les Chênaies de Chêne vert.
Le chêne vert est l’essence la plus répandue au Maroc ; bien qu’il ait
disparu sur d’immenses surfaces, le Maroc en possède encore près de 1.415.000
hectares, avec 72 millions de m3 de bois sur pied, soit 45% du volume global
sur pied de l’ensemble des forêts marocaines. Il est de tous les chênes
marocains celui qui est le plus rustique et le plus plastique, aussi est-il la
toile de fond, le ciment vivant du paysage forestier. Il fait figure d’essence
de remplissage en occupant les surfaces laissées vacantes par les autres
essences marocaines. Il est un arbre de montagne, contrairement au Chêne-liège
qui se présente comme un arbre de plaine et de basse montagne.
Le Chêne vert fait son apparition dans l’étage semi-aride
où il peut concurrencer le Genévrier rouge, il domine dans l’étage subhumide et
se comporte fièrement dans l’étage humide. La forêt de Chêne vert n’a pas la
même physionomie dans tous les étages bioclimatiques.
Elle est claire dans l’étage semi-aride, et les arbres sont mal formés, ils
sont souvent trapus et noueux. Dans le subhumide, le couvert est plus
consistant et continu, mais les arbres sont encore courts sur tronc, ils
forment souvent une structure en taillis. C’est dans l’étage humide que
l’Iliçaie trouve son plein épanouissement en s’érigeant en magnifiques futaies.
C’est grâce à sa grande aptitude à occuper tous les sols,
à son adaptation aux conditions climatiques les plus précaires, à sa
prodigieuse vitalité, que le Chêne vert tient la première place dans la
végétation marocaine. En effet, l’action de l’homme qui est la plus destructive
en vient difficilement à bout, dans les milieux qui lui sont favorables. Il est
capable de végéter misérablement durant des siècles suite aux agressions les
plus sévères (feu, mutilations, abattage, émondage), et d’attendre des
conditions propices pour croître avec vigueur. Il est le berceau des semis de
Cèdre, qui trouvent sous son couvert l’humidité et les températures clémentes.
Sa distribution géographique concerne tous les systèmes
montagneux du Maroc. Dans le Rif, il monte en altitude jusqu’à 2.200
mètres ; il succède au Thuya, au Chêne-liège et au Pin d’Alep. il est
assez abondant dans le massif des Béni Snassen entre 800 et 1.500 m. c’est dans
le Moyen et le Haut Atlas qu’il tient une grande place sur les versants
atlantiques de ces Chaînes, entre 600 et 2.800 mètres.
Sur les versants sud et méditerranéen, il est beaucoup
moins abondant. Mais la proximité de l’Océan et la protection exercée par
l’Anti Atlas, lui permettent de tenir une bonne place sur le flanc sud du Grand
Atlas entre Tizi-n-Tichka et l’Océan Atlantique.
Par contre, le Chêne vert est rare dans l’Anti Atlas où il
ne peut former des peuplements forestiers que dans la partie la plus proche de
l’Océan, à partir de 1.500 m d’altitude.
L’Arganeraie.
L’Arganier occupe au Maroc la deuxième place, du point de vue superficie, après le Chêne vert. Cette Sapotacée qui unit l’empire floral Méditerranéen au monde floral tropical, règne actuellement sur tout le sud-ouest du Maroc septentrional, où elle couvre 871.000 hectares, avec 17 millions de m3 de bois sur pied. Son aire actuelle commence un peu au sud de Safi et s’étend presque jusqu’aux crêtes de l’Anti Atlas. Mais c’est dans le Sous, véritable patrie de l’Arganier, que cette essence occupe les étendues les plus vastes. Elle pénètre profondément dans les vallées et monte jusqu’à 1.500 m d’altitude.
La grande masse est localisée dans l’étage aride, alors
que l’Arganeraie semi-aride n’occupe qu’un étroit cordon sur le littoral du
territoire floristique d’Argania Spinoza
La forêt d’Arganier présente l’aspect d’une savane, une
forêt parc, avec comme sous-bois : le
Jujubier, le Cytise, le Tizra et ça et là, sur le littoral et dans l’Anti-Atlas
on trouve des espèces d’Euphorbes cactiformes qui jouent un important rôle
physionomique. Mais la forêt vierge d’Arganier, non saccagée par l’homme, est
plutôt une forêt dense avec un abondant sous-bois qui la rend difficilement
pénétrable et un faible tapis herbacé (Emberger).
Grâce à sa rusticité à toute épreuve, grâce à son
tempérament extraordinairement sobre, grâce aussi à sa prodigieuse faculté de
former des bourgeons adventifs, l’Arganier a pu résister à des siècles
d’exploitation à tous les niveaux. En effet, tout sert chez lui : son
bois, pour le chauffage et la construction ; son feuillage, seul fourrage
des troupeaux pendant la saison sèche ; ses fruits fournissent une huile
comestible très appréciée par les populations locale et son sol est labouré par
endroits sous les arbres.
Ce mode d’utilisation spécial de l’Arganeraie, donne à cet
écosystème, une apparence trompeuse d’un immense verger, mais la spontanéité
absolue de cette formation végétale, lui confère indéniablement le caractère de
forêt. On pourrait qualifier l’Arganeraie d’ethno-écosystème
agro-sylvo-pastoral.
Dans cette région très aride du Maroc, l’Arganier laisse
derrière lui le désert, aucun autre arbre ne peut jouer ses multiples rôles.
C’est la raison pour laquelle les populations locales, aidées par la résistance
de cette espèce, ne l’on pas complètement détruit. Il est des arbres qui ont
plus de cent ans, mais ne forment que de grandes touffes impénétrables de
rameaux courts et épineux, assurant une défense efficace contre les attaques
des troupeaux de chèvres. Mais à la longue, pourront-ils résister
davantage ?
Un nouveau problème vient s’ajouter aux contraintes de
l’Arganeraie, il s’agit des cultures intensives maraîchères et de
l’arboriculture fruitière. Ces exploitations agricoles ont l’inconvénient de
perturber la structure du système radiculaire de l’Arganier. Celui-ci développe
de nature des racines pivotantes qui pénètrent à plus de 10 mètres de
profondeur dans le sol pour atteindre l’horizon humide. Les apports d’eau que
lui procurent les irrigations par pompage de ces cultures agricoles, l’amènent
à développer ses racines traçantes au détriment des racines pivotantes. Il
s’ensuit, qu’après l’arrêt de ces cultures intensives, une fois le sol épuisé,
l’Arganier trouve des difficultés à s’adapter au nouveau bilan hydrique qui
redevient tributaire des racines pivotantes, d’autant plus que les pompages ont
abaissé considérablement le niveau de la nappe phréatique (BENABID A.).
L’Arganeraie recule face aux pressions citées
précédemment, aussi, est-il impératif de palier à ce problème crucial qui
menace l’écosystème de cette espèce unique au monde. Car c’est la
désertification qui est aux aguets, avec toutes les conséquences néfastes qui
en résulte, pour les populations à venir.
Conclusion
la forêt est un patrimoine
protecteur qui joue plusieurs rôles essentiels. L’influence des
écosystèmes forestiers sur les microclimats et les climats est très
importante. Par leur effet de fixation des rejets de gaz carbonique dans
l’atmosphère, la forêt et le bois peuvent se comporter, en cas de
déboisements massifs, comme des «sources » de gaz à effet de serre ; ou
comme des «puits », puisqu’une sylviculture adaptée et des boisements et
reboisements peuvent conserver et améliorer le capital sur pied et
accroître ainsi cet effet de stockage du gaz carbonique.
Le rôle bénéfique du couvert forestier est confirmé par la plupart des travaux de recherche, tant pour la protection des sols et des eaux que pour la prévention des glissements de terrains ou la fixation des dunes. De ce fait la forêt empêche l’envasement rapide des retenues de barrages, régularise les débits du réseau hydrographique et le niveau des nappes phréatiques, et protège les infrastructures.
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Le rôle bénéfique du couvert forestier est confirmé par la plupart des travaux de recherche, tant pour la protection des sols et des eaux que pour la prévention des glissements de terrains ou la fixation des dunes. De ce fait la forêt empêche l’envasement rapide des retenues de barrages, régularise les débits du réseau hydrographique et le niveau des nappes phréatiques, et protège les infrastructures.
Les
services économiques et sociaux rendus par la forêt sont très
importants au Maroc, que ce soit pour satisfaire les besoins des
populations usageres en bois et en pâturage, que pour alimenter les
industries de bois et de liège. Mais la difficulté d’évaluer en termes
objectifs les rôles écologique et social de la forêt peut faire
néanmoins redouter que des pressions ne s’exercent sur les ressources
forestières pour alimenter les budgets des communes rurales, et
n’orientent fortement les décisions de politique forestière en se basant
uniquement sur des considérations d’ordre financier.
Les
biens et services renouvelables rendus par la forêt sont aussi
importants que variés dont les plus courants sont : La satisfaction des
besoins croissants des populations en matériau, combustible, fourrage,
aliments et espaces vert de loisir…etc. Son rôle est très important dans
les cycles de l’eau et du gaz carbonique, dans la conservation des sols
et de la biodiversité.
Ces
fonctions de la forêt, que l’on peut qualifier de vitales, imposent la
protection, la reconstitution et l’extension de cette richesse
nationale, pour préparer aux générations futures un environnement sain
et équilibré. Le problème qui se pose est celui de concilier utilisation
économique des ressources forestières et protection de l’environnement.
Aussi,
l’aménagement des forêts devrait-il constituer un outil de gestion de
leurs fonctions économiques, écologiques, sociales et culturelles,
élargissant ainsi la notion de rendement soutenu applicable en forêts
tempérées à hautes potentialités. La conservation intégrale de certains
milieux forestiers riches et peu dégradés, comme la sapinière et
certaines cédraies, pour protéger la biodiversité constitue un objectif
particulier d’aménagement. Par ailleurs, l’intégration de l’aménagement
de la faune sauvage dans le cadre des aménagements forestiers, permet de
maintenir l’équilibre écologique, d’améliorer la biodiversité et
d’augmenter les revenus de la forêt.
En
d’autres termes, le rôle d’utilité générale joué par la forêt doit être
au centre des préoccupations des décideurs, il doit toujours primer son
rôle économique et fiscal. La recherche du rendement constant peut avoir
comme conséquence une diminution de la vitalité de la forêt, ce qui
risque de retarder, voir même d’empêcher, l’évolution des peuplements
dans le sens de l’ambiance forestière équilibrée.
Mais
les droits d’usages résultant des pratiques ancestrales des populations
riveraines, constituent pour les forêts marocaines des charges
écrasantes et parfois mortelles. Le problème est donc de concilier
l’aménagement de l’exercice du droit d’usage et l’arrêt de la
dégradation de la forêt.
Cependant
il est très difficile d’imposer aux populations riveraines,
généralement démunies, des règles strictes de conservation de la forêt
lorsqu’elles dépendent directement de cette dernière pour satisfaire des
besoins alimentaires et énergétiques vitaux. La satisfaction de ces
besoins est un préalable, car toute législation si répressive soit-elle
ne saurait être efficace dans ces conditions.
L’amélioration
du niveau de vie des populations rurales, dans le cadre d’un
aménagement intégré de l’espace rural, permettrait de diminuer
indirectement la pression qui s’exerce constamment sur nos ressources
forestières.
L’effort
de boisement ne doit pas concerner uniquement le domaine forestier. Les
terrains à vocation forestière des propriétaires particuliers et les
terres collectives devraient être boisés dans l’intérêt des
propriétaires et l’intérêt général, en raison des biens et services qui
en découlent et des bienfaits directs sur l’environnement. Les
procédures de conventions DRS ou de contrats FNF, n’ont pas donné les
résultats escomptés en raison de la soumission au contrôle constant des
services forestiers, des terrains privés ayant fait l’objet de travaux
de reboisements ou de DRS à l’aide de prêts de l’Etat.
cela
porte des restrictions au droit de propriété et expose le bénéficiaire
du prêt, en cas d’infractions, aux même sanctions pénales en vigueur
dans le domaine forestier de l’Etat, puisque ces terrains deviennent
soumis au régime forestier.
Par
ailleurs, l’incitation et la sensibilisation des agriculteurs à utiliser
des brise-vent comme moyen d’amélioration de la productivité, et comme
source de produits ligneux ; l’introduction dans leur mode de vie des
énergies renouvelables (les énergies solaire et éolienne, le biogaz),
sont nécessaires pour amortir l’intensité des prélèvements qui
s’effectuent dans les forêts naturelles, et pour diminuer l’utilisation
des combustibles fossiles. Ces dernières mesures contribueront à alléger
la facture pétrole et à réduire les émissions de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère.
Par
ailleurs, dans le cadre de l’aménagement des bassins versants, il est
logique que les propriétaires agricoles en aval des retenues de
barrages, participent aux efforts de protection de ces ouvrages, qui les
alimentent en eau d’irrigation, en procédant à des plantations de
bosquets et de brise-vent, qui assurent une certaine production de bois,
et qui permettent une biodiversité favorable à l’avifaune sauvage qui,
par ailleurs, contrôle les populations d’insectes.
Ces
mesures ne vont pas affecter leur production agricole, bien au
contraire, car les grandes surfaces agricoles de monocultures, non
interrompues par des boisements, sont très vulnérables aux attaques
massives des insectes ravageurs des cultures. La production de bois en
aval, aura comme objectif la réduction des prélèvements de bois en
amont.
Les communes
rurales qui bénéficient des recettes forestières, doivent investir au
moins 20% de ces recettes dans des actions agro-sylvo-pastorales. La
plantation de périmètres de boisements énergétiques par ces communes
avec l’aide technique des services forestiers, pour subvenir aux besoins
des villageois en bois de feu, ne manquera pas non plus d’alléger la
pression constante qui s’exerce sur les forêts naturelles. Les recettes
recouvrées suite à l’exploitation de ces boisements communaux va aussi
renforcer leurs ressources financières.
Une
sensibilisation générale à tous les niveaux doit être constamment
entreprise, pour que les populations usageres et les différents acteurs
du secteur forestier, puissent se rendre compte de la vraie valeur de
nos arbres forestiers.
En
effet, nos Genévriers avec leur tempérament d’acier et leur rôle
social, surtout en haute montagne, là où aucun arbre n’ose s’aventurer ;
ils assurent la survie des courageux montagnards en hivers en leur
procurant bois de feu et de cuisson ; leur feuillage est l’unique
fourrage pour leur bétail. Leur disparition est un désespoir pour ces
fidèles foyers humains à la montagne marocaine, qui finiront un jour par
éteindre leurs feux et descendre en ville pour habiter ces insalubres
quartiers que sont les bidonvilles. Là ils seront plus désespérés.
Le
Cèdre de l’Atlas, avec son port majestueux et sa longévité légendaire
est une espèce noble et si remarquable. On devrait être satisfait de
posséder de si belles futaies. Le Liban n’a-t-il pas l’emblème du Cedrus Libani dans son drapeau national ? Son bois d’œuvre est d’une grande valeur économique.
Le
Thuya, qui occupe les sols les plus ingrats et qui résiste aux
températures les plus implacables, est aussi sobre de sols que d’eau. Il
laisse derrière lui des terrains stériles qui ne serviront plus à grand
chose après lui. Conservons le, avant qu’il ne cède sa place au désert.
Le
Chêne-liège au rôle économique incontestable, doit être ménagé et
protégé contre les maux qui l’affectent lourdement (défrichements et
dépérissements). Le liège qui est un matériau naturel et biodégradable,
gardera toujours sa valeur et ses qualités technologiques, en raison des
inconvénients des matériaux qui le concurrencent, dont les déchets ne
sont pas facilement décomposables et qui portent préjudice à
l’environnement.
Le
Chêne vert est de tous nos chênes celui qui est le moins difficile, qui
fait figure d’essence de remplissage, de ciment vivant qui relie les
massifs forestiers ; il apparaît comme le fond, sur lequel se détachent
les peuplements des autres essences.
L’arganier
est le dernier rempart face à l’avancée du désert, cet arbre
typiquement marocain assure la vie à toute une population du S/W du
Maroc septentrional, son rôle socio-économique et son action sur
l’environnement, font de lui un arbre providence sous un climat aride où
aucune autre espèce ne peut procurer ses multiples services.
Tous
les peuplements forestiers ont leur rôle à jouer. Leur régression est
néfaste à bien des égards : bien des sources et des puits risquent de
tarir, des rivières risquent de voir leur débit s’amoindrir, les
inondations seront plus fréquentes, les amplitudes thermiques
augmenteront et la pluviosité serait affectée.
Aussi,
est-il impératif de conserver et développer cette richesse nationale
par la régénération assistée et les reboisements. En se basant
uniquement sur la régénération par rejets des essences qui ne se
renouvellent que de cette façon (tous les feuillus, le Thuya et le
thurifère), on risque de perdre, à long terme, de vastes surfaces
forestières en raison de la perte de l’ensouchement des arbres les plus
âgés.
La
diminution de la pression qui s’exerce sur les forêts suffirait pour
qu’elles puissent évoluer, là où la dégradation n’est pas très avancée,
vers l’ambiance forestière idéale. Car la végétation méditerranéenne est
d’une vitalité et d’un dynamisme à toutes épreuves.