Situation des forêts marocaines

On
 a évoqué dans le chapitre précédent que les essences forestières marocaines, à la lumière de leurs répartitions spatiales respectives, devaient avoir occupé chacune d’elles, des surfaces très importantes au cours de leur longue histoire. Chaque espèce devait profiter des conditions climatiques qui lui sont favorables pour dominer les autres.
L’Arganier, espèce très archaïque que l’on trouve encore dans l’Oriental, aurait occupé toutes les plaines et plateaux de tout le Maroc, de l’Anti Atlas jusqu’aux Béni Snassen. Les Acacias qui sont des éléments tropicaux au même titre que l’Arganier, occupaient tout le Sahara, alors que Acacia gummifera formait de vastes savanes dans le Haouz-Tadla.
Plus tard, après le recul de la végétation tropicale, s’est installé la flore méditerranéenne. Le Chêne liège avait une aire immense et devait couvrir tout le Maroc atlantique des pentes du Haut Atlas jusqu’au Rif, en contournant les montagnes élevées, trop froides pour lui et où dominent les résineux : Cèdre, Pins, Cyprès, Sapins, Genévriers. Les conditions climatiques moins favorables auraient avantagé le thuya au détriment du chêne-liège dans les zones méridionales et dans les milieux devenus moins humides (versants sud en montagnes).
Au cours de la période préhistorique le Chêne-liège occupait encore toutes les plaines et basses montagnes du Triangle Tanger-Casablanca-Taza, Les terrains calcaires et argileux étant couverts par la formation Olea-Pistacia-Chamaerops.
L’action de l’Homme devient avec l’accroissement des populations de plus en plus importante, et son impact sur la forêt se traduit par une usure des écosystèmes et le déclenchement d’un cycle de dégradation entraînant la déforestation de grandes étendues.


Ainsi, la répartition spatiale actuelle des massifs forestiers, est la résultante des vicissitudes historiques, des potentialités du milieu et des contraintes géographiques et humaines. La forêt, surtout dans le bassin méditerranéen, est souvent en équilibre instable avec son environnement climatique, car elles se sont formées à une époque très lointaine quand les conditions climatiques étaient optimales. Elles se sont érigées en formations climaciques, associations stables ayant un microclimat intraforestier qui leur permet de tamponner les fluctuations du climat, grâce à leur architecture forestière qui maintient en équilibre la température et l’hygrométrie au niveau du sol.
Les prélèvements abusifs de bois et le surpâturage entraînent le nivellement de la forêt par le bas. La simplification de l’écosystème entraîne sa vulnérabilité. La diminution du couvert végétal expose les sols à l’action desséchante et minéralisatrice des rayons solaires. Ces sols perdent leur structure, leurs mycorhyzes et leur microfaune et deviennent faciles à emporter par les eaux de ruissellement. L’érosion s’accélère et la biocénose d’un milieu finit par disparaître.
La surface recouverte par le domaine forestier, d’après les résultats de l’inventaire forestier national de l’année 1994, est de l’ordre de 9.037.000 hectares, réparties entre 4.821.000 ha de forêts naturelles, 407.000 ha de matorral, 490.000 ha de forêts artificielles et 3.318.000 ha de nappes alfatières. En ne tenant pas compte des surfaces couvertes par l’Alfa, le taux de boisement au Maroc est de huit pour cent (8 %).
A titre de comparaison, la FAO estime le couvert forestier pour l’ensemble de l’Afrique à 17,7% en 1995, avec 2,2% pour l’Afrique non tropicale dont 1,2% pour l’Afrique du Nord.
Les forêts qui subsistent existent presque toutes en montagne, saufs les massifs de Chêne liège atlantique des plaines septentrionales et la forêt d’Arganier. Même en montagne elles sont inégalement réparties. Les zones humides et subhumides du Moyen Atlas et du Rif, conservent encore des massifs forestiers relativement en bon état. Le Haut Atlas, plus sec dans son ensemble, est plus pauvre en forêts. Son versant sud est presque dépourvu de couverture forestière, sauf sa partie occidentale qui reçoit directement l’haleine de l’Océan et qui est protégée par l’Anti Atlas de l’influence directe du Sahara.

 Les Cédraies.



Avec son port majestueux, sa forme élancée et ses branches latérales esthétiques, le Cèdre de l’Atlas est le roi de nos forêts. Il est la parure du Moyen Atlas et du Rif, une couronne sur nos montagnes.
Dans le Rif les Cédraies sont localisées surtout sur les sols siliceux, les montagnes calcaires appartenant au Sapin du Maroc. Dans le Moyen Atlas par contre, les Cédraies existent sur les calcaires. Dans le Grand Atlas oriental, les Cédraies occupent les flancs des montagnes où la pluviosité est à son niveau maximal. Elles croissent ici, aussi bien sur roches siliceuses que sur calcaire.
La cédraie bien formée et peu saccagée par l’homme est une futaie splendide parsemée de quelques chênes verts et d’Ifs avec un sous bois comportant quelques pieds d’Oxycèdre, d’Aubépines, de rosiers et une fine et claire strate herbacée. Elle est très différente d’une région à l’autre. Dans Rif et le Moyen Atlas oriental, elle est riche en éléments septentrionaux et Ibériques. Dans le Moyen Atlas central et le Haut Atlas oriental, les éléments floristiques précités sont rares, alors que le genévrier thurifère prend une place importante.
Les cédraies qui s’étendent au Maroc sur près de 133.000 hectares, avec un volume de bois sur pied de 25 millions de m3, risquent de voir leurs surfaces s’amenuiser en raison des contraintes humaines et climatiques qui entravent sérieusement la régénération naturelle. En effet, les coupes sombres, les incendies et le surpâturage nuisent aux semis de cèdre qui n’arrivent à s’implanter que très difficilement. Car il faudrait un concourt de conditions pluviométriques et thermiques favorables au cours de plusieurs années successives, qui ne se réalisent pas souvent, pour que la régénération naturelle réussisse dans ses différentes étapes : fructification, germination et enracinement de la plantule.
La levée de dormance retardée par les basses températures empêche la germination précoce, ainsi le plant ne peut bénéficier que des dernières pluies et ne se développe pas suffisamment pour pouvoir franchir le cap stressant de l’été. Aussi, les semis qui réussissent à s’implanter sont-il rares.
Encore faut-il que ces semis soient respectés par une mise en défens effective, et que la couverture arbustive qui joue un rôle de protection soit suffisamment dense, peu affectée par les coups de hache et la dent du bétail. Le chêne vert qui est l’élément le plus constant du cortège floristique du cèdre joue un rôle important en procurant aux semis de l’essence dominante un microclimat favorable à leur développement. Sous couvert du chêne vert, le sol est protégé de l’intensité des rayons solaires et conserve plus d’humidité, ce qui permet aux jeunes plants de dépasser le cap difficile de la saison sèche.
Dans une cédraie incendiée, le chêne vert qui est plus résistant au feu que le cèdre, repousse rapidement en taillis et forme un abri  favorable pour les semis de cèdre bien que le couvert ne leurs soit pas absolument nécessaire. Le chêne vert protège quand même le sol contre l’érosion et empêche les troupeaux d’anéantir la régénération.
Dans les cédraies d’altitude élevée, où les conditions thermiques et pluviométriques sont si sévères, la régénération naturelle est quasiment inexistante. Les arbres qui subsistent sont vieillissants et les dépérissements sont fréquents. La dégradation du milieu arrive à un degré très avancé et dans certain cas irréversible.


Aussi, les Cédraies qui sont encore en bon état doivent-elles être à tout prix conservées et reconstituées. Car la valeur de cette espèce est inestimable à bien des égards : économique, écologique et scientifique. En effet, le Cèdre de l’Atlas endémique du Maroc et d’Algérie et dont le genre ne renferme que quatre espèces, a une grande valeur économique et l’action de ses forêts sur l’environnement, est d’une grande importance

 La Sapinière du Maroc.

Le sapin du Maroc n’existe que dans le Rif où il est localisé à l’est de la ville de Chefchaouène sur les montagnes calcaires. Les surfaces qu’il occupait en 1938 était estimée à 15.000 hectares. Actuellement il n’en reste que 3.000 hectares, avec un volume de bois sur pied de 772 mille m3.
Ces peuplements croissent généralement entre 1.500 et 2.000 mètres, mais se maintiennent difficilement sur les sommets de montagnes en raison de la sécheresse de ces cimes, ce qui profite au cèdre qui, dans ces conditions domine le sapin. Ces sapinières sont généralement clairsemées, mais elles peuvent être denses sur les versants nord difficilement accessibles. Elles ont, dans ce cas, l’aspect des sapinières de l’Europe.
Les essences qui accompagnent le sapin en plus du cèdre, sont le chêne vert, le chêne zène, l’If, le pin maritime, le pin noir. Le sous-bois est composé principalement de l’Oxycèdre, de sorbus aria, les aubépines, Daphne Laureola, Ruscus aculeatus etc. la strate herbacée est aussi très variée. En somme, la sapinière est floristiquement comme une cédraie dans laquelle le cèdre aurait été remplacé par le sapin. Mais la dégradation des sapinières ne profite pas au cèdre, mais aux chênes et au sous-bois qui le tiennent souvent en échec par une forte concurrence.

 Les pinèdes.

Les pins naturels couvrent au Maroc près de 82.000 hectares, avec un volume de bois sur pied de 4,6 millions de m3.
Trois espèces de pins existent à l’état spontané au Maroc : le pin d’Alep, le pin maritime et le pin noir. Seules les deux premières essences ont un intérêt forestier, alors que le pin noir du Maroc est une espèce endémique et une relique floristique remarquable qui n’existe qu’en très petites colonies dans le Rif.
Le pin d’Alep croît principalement sur le versant méditerranéen du pays. Sur le versant atlantique on le trouve surtout dans les régions où le climat se rapproche le plus au climat méditerranéen typique. Les peuplements les plus importants se trouvent dans le Rif oriental et dans la vallée de la Téçaout. Ailleurs il est très disséminé. Les stations les plus proches de l’Océan sont celles localisées dans la région de Ouezzane au Nord et dans les montagnes d’Amizmiz au Sud.
Quant au pin maritime, il occupe au Maroc une aire aussi dispersée que celle du pin d’Alep. Il est toujours un arbre de montagne que l’on peut rencontrer à partir de 1.000 m d’altitude dans le Rif et 1.500-1.600 m dans le Moyen Atlas oriental et central et le Grand Atlas oriental.

Dans le Rif les stations sont surtout nombreuses dans la moitié occidentale de la chaîne. Les boisements du Moyen Atlas oriental, dans le massif de Moussa Ou Salah Reggou, sont les plus importants suivis des peuplements de la région d’Ifrane (Dayet Achlef).
Dans le Rif la forêt de pin maritime est associée au sapin ou au cèdre, au chêne liège ou au chêne vert suivant la nature des sols. Dans le Moyen Atlas, elle est parsemée de quelques pieds de cèdre et de chêne vert, avec un sous-bois composé de genévrier Oxycèdre, d’aubépine, de cytise et de ciste etc.
Contrairement au pin maritime des Landes qui est nettement calcifuge, le pin maritime du Maroc croît chez nous sur des sols riches en calcaire.
Cette essence résineuse tient au Maroc une grande place. Au cours des années trente, les surfaces recensées s’élevaient à 650.000 hectares,. Actuellement, le thuya couvre près de 565.800 hectares, avec un volume de bois sur pied de 5,4 millions de m3, en grande partie sur le versant atlantique. En raison des froids que cet arbre ne supporte pas, les climats qui lui conviennent ne tiennent pas une grande place sur le versant méditerranéen.
En raison de la continentalité, le thuya ne dépasse pas la latitude de Debdou-Berguent au Maroc oriental, tandis qu’à l’Ouest il descend vers le Sud jusqu’à l’Anti Atlas occidental.
L’aire du thuya au Maroc paraît donc divisée en trois blocs :
Le bloc oriental et du Moyen Atlas qui comprend les boisements du Maroc oriental, du Rif et ceux du Moyen Atlas, qui totalisent  162.100 hectares.
Le bloc central qui englobe les boisements qui s’étendent dans les vallées de l’oued Beht, de l’oued Grou et des petits oueds côtiers entre Rabat et Casablanca, qui totalisent 56.250 hectares.
Le bloc méridional qui est le plus important comprend les peuplements du Haut Atlas et de la vallée du Souss. Là, le thuya s’installe dans une frange sous l’étage du Chêne vert et s’intercale entre cette essence et l’Arganier sur le versant sud. On le trouve aussi dans l’Anti Atlas jusqu’à Guelmim/Assa. Ce groupe totalise 347.450 hectares.
Cette essence recouvre les flancs inférieurs des montagnes jusqu’à une altitude de 1.000-1.200 m. il couvre les premiers contreforts du Haut Atlas depuis la cote jusqu’à Azilal et longe le Moyen Atlas jusqu’au-delà de Khénifra, puis réapparaît à l’est de Sefrou, borde le Moyen Atlas et le Rif oriental, encercle les Beni-Snassen et frange les montagnes du Debdou. Ailleurs, il existe dans la région d’Oulmes et sur le littoral méditerranéen du Rif.


L’existence de ces grandes surfaces, en dépit de la forte pression anthropique, est due à l’extraordinaire résistance du thuya à la sécheresse et aux incendies. Son seul point faible sont les froids rigoureux, il se contente d’une faible pluviosité et supporte des températures implacables dans les stations qu’il occupe. Même brûlé, il rejette de souche, ce qui est rare chez les résineux. Il est aussi sobre de sols que d’eau et pousse sur les sols les plus pauvres, des sols qui ne peuvent faire que de la forêt et qui, une fois dénudés, deviennent irrémédiablement stériles.
Les peuplements de thuya ont le plus souvent la structure de perchis qui, après exploitation, donnent des taillis. La futaie est très rare. Ils sont accompagnés de quelques pièces de caroubier, de pistachier de l’Atlas et de Tizra. La globulaire est parmi les plantes fidèles ainsi que les cistes sur sols non calcaires. Au Maroc septentrional, la composition floristique de la Tetraclinaie est influencée par son voisinage de l’Espagne et du Rif, tandis que dans le Sud elle est sous l’influence du courant floral tropical.
Le thuya occupait autrefois d’immenses étendues au Maroc. Malheureusement il a disparu dans bien d’endroits. Il est devenu rare dans l’Anti-Atlas ; il a disparu dans la chaîne de Djebilet, dans les montagnes des Rehamna et des plateaux de Oued Zem qui lui appartenaient jadis. Le Rif oriental et la basse Moulouya sont dans un état dégradé.

 Les Junipéraies.

Quatre espèces de genévrier existent au Maroc : le genévrier rouge, le genévrier thurifère, le genévrier Oxycèdre et le genévrier commun. Cependant, seuls les deux premiers forment des peuplements forestiers importants. Le genévrier commun est très rare, croissant uniquement sur quelques hauts sommets, et l’Oxycèdre forme rarement des peuplements purs mais il constitue un élément constant dans  presque toutes les forêts, allant du semi-aride jusqu’à l’étage de haute montagne.
Les Genévriers couvrent au Maroc près de 245.000 hectares, avec un volume de bois sur pied de près de 10 millions de m3, ils ont l’avantage de pouvoir former des peuplements forestiers dans des conditions les plus difficiles de l’étage semi-aride, là où les autres espèces ne peuvent réussir.
Le Genévrier thurifère : étant essentiellement un arbre de haute montagne, ce Genévrier existe surtout dans le Haut Atlas, on le rencontre depuis les sources de l’Oued N’Fis dans le massif du Tichka des Seksaoua, jusqu’aux montagnes des Aït Mesrouh au nord de Gourrama, à l’Est du Tizi-n-Telghemt.
Dans le Moyen Atlas, la forêt de thurifère est rare, cette essence croît presque toujours en mélange avec le Cèdre, en raison du climat trop humide et pas assez continental pour lui. La forêt de thurifère lorsqu’elle subsiste, est toujours claire, les xérophytes épineux en boules tel Bupleurum spinosum, qui caractérisent les hautes montagnes marocaines, y occupent déjà une place importante.
Le Thurifère, lorsqu’il n’est pas mutilé, est un arbre magnifique qui mime le Cèdre quand il croît en forêt dense, comme la cédraie par exemple. Il peut atteindre 20 m de hauteur et 4 m de diamètre, malheureusement les sujets qu’on rencontre sont presque tous malmenés par l’homme et donne une mauvaise idée de ce que cet arbre peut devenir lorsqu’on le laisse s’épanouir.
Il est souvent le dernier arbre témoin des anciennes cédraies disparues. Les quelques pièces que l’on rencontre dans le plateau moyen-atlasique de Timahdit-Bekrit, représentent les restes arborescents des cédraies disparues et non des peuplements autochtones. Malgré sa résistance au feu et à ses fortes réactions aux mutilations et à la coupe, il finit par succomber à cette pression constante et disparaît inexorablement des stations qu’il occupe, car, en plus du surpâturage, la régénération naturelle est très lente et parcimonieuse.
Le Genévrier rouge, appelé aussi genévrier de Phénicie, est une espèce qui, comme le thurifère, préfère le climat continental au climat marin. Mais il existe sur le littoral où le climat est très doux, dans les dunes maritimes marocaines où il ne peut être concurrencé par le thuya ou le chêne vert, essences qui ne peuvent supporter les sables mobiles.
Cet arbre est donc répandu dans le Haut Atlas et particulièrement sur le versant sud de cette chaîne à l’est de Tizi-n-Tichka. Il existe aussi dans le Moyen Atlas et dans une moindre mesure dans le Rif. De façon générale le genévrier rouge se substitue au thuya dès que le climat devient moins doux, ce qui a lieu par la continentalité ou par l’altitude. Ses exigences écologiques sont voisines de celles du thurifère, mais il est plus thermophile. Le Thurifère semble dominer quand ces deux congénères sont en contact.
La dégradation des forêts de Genévrier rouge est plus profonde que celle des Tétraclinaies, car ce genévrier résiste moins bien que le thuya au recépage et au feu. Ses rejets sont surtout des rejets de tige et non de souche et la régénération par graine est plutôt difficile. Aussi, ces forêts ont-elles été détruites sur d’énormes surfaces ; elles ont  presque totalement disparu sur tout le versant sud du Haut Atlas à l’est du Siroua.
La forêt de Cyprès de l’Atlas, est limitée à la moitié supérieure de l’Oued N’Fis, dans la vallée de l’Aghbar, en mélange avec le Genévrier rouge. Elle a les mêmes que floristiques que ceux des Junipéraies de Genévrier de Phénicie. Dans les stations peu saccagées par l’homme, elle forme des ébauches de futaies avec des arbres élancés et droits, pouvant atteindre 25 m de hauteur et 100 cm de diamètre. Les arbres ont la forme horizontale, rappelant en cela la variété horizontalis du Cyprès toujours vert.





 Les Subéraies.

Le Chêne-liège est localisé au Maroc septentrional, essentiellement au nord de la ligne reliant Casablanca à Taza, Mais il occupait jadis d’énormes surfaces. Les Subéraies actuelles se présentent comme les survivants des époques humides de l’ère quaternaire ou même Tertiaire. Les stations disséminées un peu partout au Maroc et très éloignée du centre de son aire actuelle, notamment dans le Grand Atlas et le Maroc Oriental, sont les témoins d’une aire du Chêne-liège beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui.
Actuellement cette essence occupe près de 377.500 hectares, avec 10,87 millions de m3 de bois sur pied, elle est surtout localisée dans la région du Gharb et le long du Rif jusqu’à la forêt de Bab Azhar de Taza, et dans la région du Chêne-liège atlantique comprenant le Plateau d’Oulmès, la Mamora et Benslimane.
Le Chêne-liège est manifestement en régression suite probablement à des modifications climatiques et surtout à la forte pression de l’homme et de ses troupeaux. Le surpâturage, le gaulage, l’émondage, les coupes et carbonisations, ont complètement bouleversé l’équilibre écologique des Subéraies marocaines. Dans le Rif, les défrichements pour la culture du cannabis ont détruit de grandes surfaces couvertes de chêne-liège. La Mamora qui recouvrait 130.000 hectares aux cours des années trente, et représentait donc la plus grande forêt de chêne-liège d’un seul tenant du monde, a vu sa surface en chêne-liège diminuer de moitié et se limiter à moins de 60.000 hectares au début des années 1980.
La répétition à court intervalle de périodes de sécheresse, au cours des deux dernières décennies, a certainement aggravé la situation. Le manque de régénération naturelle, la simplification de l’écosystème suite au recul du sous-bois qui fait partie de l’architecture forestière, les blessures survenues au cours des opérations de récolte de liège, ont affaibli les arbres qui sont exploités comme des fruitiers sans recevoir le moindre soin cultural appliqué en arboriculture.
C’est ainsi que les chênes-lièges présentent des signes de dépérissements suite aux attaques parasitaires causées par les champignons et les insectes xylophages. Les vides en forêt s’élargissent et la densité des arbres diminue. Les sables dépourvus de végétation risquent de se mobiliser sous l’action des vents, et c’est le déclenchement de l’ensablement, avec toutes les conséquences, qu’on imaginera sans peine, sur les infrastructures et l’environnement.
  
Il est possible que la pollution atmosphérique, causée par l’industrie et les rejets des pots d’échappement des véhicules dans la zone de l’axe Casablanca-Kénitra, agisse en synergie avec les autres facteurs climatiques et anthropiques pour inhiber la dynamique de la végétation, et pétrifier l’écosystème de la Mamora qui risque ainsi de disparaître à long terme.
Les forêts de Chêne-liège ont des physionomies différentes suivant les conditions écologiques du milieu qu’elles habitent :
Dans la plaine, relativement chaude et sèche du pays de Rabat-Benslimane, relevant de l’étage méditerranéen semi-aride, la Subéraie est peu dense. Elle est caractérisée, sur sol sablonneux, par la présence du Poirier de la Mamora, du Cytise à feuilles de Lin, de la Passerine, de la Férule.
Sur sols durs (schistes et quartzites), le Cytise, la Passerine et la Férule sont remplacées par le Tizra, le Pistachier de l’Atlas, le Ciste de Montpellier etc.
Dans les étages subhumide et humide, les forêts sont, quand elles ne sont pas très touchées par la dégradation, denses et forment un dôme de verdure continu. Elles sont souvent envahies par la Fougère aigle. Sur sols durs, le Chêne Zène et la Bruyère sont des éléments fréquents.

 Les Chênaies de Chêne Zeen.

Ce Chêne couvre au Maroc une superficie de 9.100 hectares avec 2,77 millions de m3 de bois sur pied. Il est très répandu aussi, mais forme rarement des peuplements purs. La grande masse est localisée dans le Rif et cette essence se raréfie en se dirigeant vers sud. Dans le Moyen Atlas, les boisements les plus importants sont ceux de la forêt de Djaâba qui se trouve entre El Hajeb et Ifrane, et ceux du Jbel Tazekka près de Taza. Partout ailleurs, le Chêne Zeen croît surtout à l’état isolé. Son existence dans le Haut Atlas est probablement en rapport avec un climat révolu beaucoup plus humide que l’état climatique actuel.
La forêt de Chêne Zeen qui est à feuilles caduques, présente des phases saisonnières marquées par la décoloration et la chute des feuilles, ce qui lui confère l’aspect des Chênaies de l’Europe tempérée. Dans son milieu de prédilection, où le climat est humide, elle est à l’état pur ou parsemée de Chênes verts ou de Chênes-lièges.
  
Elle est difficile à conquérir par les autres essences en raison de son couvert dense et de l’abondance de ses glands. Le Cèdre ne prend que très difficilement pied dans la Chênaie de Chêne Zeen, mais on peut trouver des Cédraies au voisinage de Chênaies pures sans que ces dernières en soient influencées.
Mais quand la forêt commence à se dégrader ou quand elle est à la limite de ses conditions écologiques optimales, il en est autrement, le Chêne Zeen devient moins résistant aux attaques de son congénère le Chêne vert et devient un arbre sporadique.

 Les Chênaies de Chêne vert.

Le chêne vert est l’essence la plus répandue au Maroc ; bien qu’il ait disparu sur d’immenses surfaces, le Maroc en possède encore près de 1.415.000 hectares, avec 72 millions de m3 de bois sur pied, soit 45% du volume global sur pied de l’ensemble des forêts marocaines. Il est de tous les chênes marocains celui qui est le plus rustique et le plus plastique, aussi est-il la toile de fond, le ciment vivant du paysage forestier. Il fait figure d’essence de remplissage en occupant les surfaces laissées vacantes par les autres essences marocaines. Il est un arbre de montagne, contrairement au Chêne-liège qui se présente comme un arbre de plaine et de basse montagne.
Le Chêne vert fait son apparition dans l’étage semi-aride où il peut concurrencer le Genévrier rouge, il domine dans l’étage subhumide et se comporte fièrement dans l’étage humide. La forêt de Chêne vert n’a pas la même physionomie dans tous les étages bioclimatiques. Elle est claire dans l’étage semi-aride, et les arbres sont mal formés, ils sont souvent trapus et noueux. Dans le subhumide, le couvert est plus consistant et continu, mais les arbres sont encore courts sur tronc, ils forment souvent une structure en taillis. C’est dans l’étage humide que l’Iliçaie trouve son plein épanouissement en s’érigeant en magnifiques futaies.
C’est grâce à sa grande aptitude à occuper tous les sols, à son adaptation aux conditions climatiques les plus précaires, à sa prodigieuse vitalité, que le Chêne vert tient la première place dans la végétation marocaine. En effet, l’action de l’homme qui est la plus destructive en vient difficilement à bout, dans les milieux qui lui sont favorables. Il est capable de végéter misérablement durant des siècles suite aux agressions les plus sévères (feu, mutilations, abattage, émondage), et d’attendre des conditions propices pour croître avec vigueur. Il est le berceau des semis de Cèdre, qui trouvent sous son couvert l’humidité et les températures clémentes.
Sa distribution géographique concerne tous les systèmes montagneux du Maroc. Dans le Rif, il monte en altitude jusqu’à 2.200 mètres ; il succède au Thuya, au Chêne-liège et au Pin d’Alep. il est assez abondant dans le massif des Béni Snassen entre 800 et 1.500 m. c’est dans le Moyen et le Haut Atlas qu’il tient une grande place sur les versants atlantiques de ces Chaînes, entre 600 et 2.800 mètres.
Sur les versants sud et méditerranéen, il est beaucoup moins abondant. Mais la proximité de l’Océan et la protection exercée par l’Anti Atlas, lui permettent de tenir une bonne place sur le flanc sud du Grand Atlas entre Tizi-n-Tichka et l’Océan Atlantique.
Par contre, le Chêne vert est rare dans l’Anti Atlas où il ne peut former des peuplements forestiers que dans la partie la plus proche de l’Océan, à partir de 1.500 m d’altitude.


 L’Arganeraie.





L’Arganier occupe au Maroc la deuxième place, du point de vue superficie, après le Chêne vert. Cette Sapotacée qui unit l’empire floral Méditerranéen au monde floral tropical, règne actuellement sur tout  le sud-ouest du Maroc septentrional, où elle couvre 871.000 hectares, avec 17 millions de m3 de bois sur pied. Son aire actuelle commence un peu au sud de Safi et s’étend presque jusqu’aux crêtes de l’Anti Atlas. Mais c’est dans le Sous, véritable patrie de l’Arganier, que cette essence occupe les étendues les plus vastes. Elle pénètre profondément dans les vallées et monte jusqu’à 1.500 m d’altitude.
La grande masse est localisée dans l’étage aride, alors que l’Arganeraie semi-aride n’occupe qu’un étroit cordon sur le littoral du territoire floristique d’Argania Spinoza
La forêt d’Arganier présente l’aspect d’une savane, une forêt parc, avec comme sous-bois : le Jujubier, le Cytise, le Tizra et ça et là, sur le littoral et dans l’Anti-Atlas on trouve des espèces d’Euphorbes cactiformes qui jouent un important rôle physionomique. Mais la forêt vierge d’Arganier, non saccagée par l’homme, est plutôt une forêt dense avec un abondant sous-bois qui la rend difficilement pénétrable et un faible tapis herbacé (Emberger).
Grâce à sa rusticité à toute épreuve, grâce à son tempérament extraordinairement sobre, grâce aussi à sa prodigieuse faculté de former des bourgeons adventifs, l’Arganier a pu résister à des siècles d’exploitation à tous les niveaux. En effet, tout sert chez lui : son bois, pour le chauffage et la construction ; son feuillage, seul fourrage des troupeaux pendant la saison sèche ; ses fruits fournissent une huile comestible très appréciée par les populations locale et son sol est labouré par endroits sous les arbres.
Ce mode d’utilisation spécial de l’Arganeraie, donne à cet écosystème, une apparence trompeuse d’un immense verger, mais la spontanéité absolue de cette formation végétale, lui confère indéniablement le caractère de forêt. On pourrait qualifier l’Arganeraie d’ethno-écosystème agro-sylvo-pastoral.
Dans cette région très aride du Maroc, l’Arganier laisse derrière lui le désert, aucun autre arbre ne peut jouer ses multiples rôles. C’est la raison pour laquelle les populations locales, aidées par la résistance de cette espèce, ne l’on pas complètement détruit. Il est des arbres qui ont plus de cent ans, mais ne forment que de grandes touffes impénétrables de rameaux courts et épineux, assurant une défense efficace contre les attaques des troupeaux de chèvres. Mais à la longue, pourront-ils résister davantage ?
Un nouveau problème vient s’ajouter aux contraintes de l’Arganeraie, il s’agit des cultures intensives maraîchères et de l’arboriculture fruitière. Ces exploitations agricoles ont l’inconvénient de perturber la structure du système radiculaire de l’Arganier. Celui-ci développe de nature des racines pivotantes qui pénètrent à plus de 10 mètres de profondeur dans le sol pour atteindre l’horizon humide. Les apports d’eau que lui procurent les irrigations par pompage de ces cultures agricoles, l’amènent à développer ses racines traçantes au détriment des racines pivotantes. Il s’ensuit, qu’après l’arrêt de ces cultures intensives, une fois le sol épuisé, l’Arganier trouve des difficultés à s’adapter au nouveau bilan hydrique qui redevient tributaire des racines pivotantes, d’autant plus que les pompages ont abaissé considérablement le niveau de la nappe phréatique (BENABID A.).

L’Arganeraie recule face aux pressions citées précédemment, aussi, est-il impératif de palier à ce problème crucial qui menace l’écosystème de cette espèce unique au monde. Car c’est la désertification qui est aux aguets, avec toutes les conséquences néfastes qui en résulte, pour les populations à venir.
 
 Conclusion
 la forêt est un patrimoine protecteur qui joue plusieurs rôles essentiels. L’influence des écosystèmes forestiers sur les microclimats et les climats est très importante. Par leur effet de fixation des rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère, la forêt et le bois peuvent se comporter, en cas de déboisements massifs, comme des «sources » de gaz à effet de serre ; ou comme des «puits », puisqu’une sylviculture adaptée et des boisements et reboisements peuvent conserver et améliorer le capital sur pied et accroître ainsi cet effet de stockage du gaz carbonique.



Le rôle bénéfique du couvert forestier est confirmé par la plupart des travaux de recherche, tant pour la protection des sols et des eaux que pour la prévention des glissements de terrains ou la fixation des dunes. De ce fait la forêt empêche l’envasement rapide des retenues de barrages, régularise les débits du réseau hydrographique et le niveau des nappes phréatiques, et protège les infrastructures.

Les services économiques et sociaux rendus par la forêt sont très importants au Maroc, que ce soit pour satisfaire les besoins des populations usageres en bois et en pâturage, que pour alimenter les industries de bois et de liège. Mais la difficulté d’évaluer en termes objectifs les rôles écologique et social de la forêt peut faire néanmoins redouter que des pressions ne s’exercent sur les ressources forestières pour alimenter les budgets des communes rurales, et n’orientent fortement les décisions de politique forestière en se basant uniquement sur des considérations d’ordre financier.

Les biens et services renouvelables rendus par la forêt sont aussi importants que variés dont les plus courants sont : La satisfaction des besoins croissants des populations en matériau, combustible, fourrage, aliments et espaces vert de loisir…etc. Son rôle est très important dans les cycles de l’eau et du gaz carbonique, dans la conservation des sols et de la biodiversité.

Ces fonctions de la forêt, que l’on peut qualifier de vitales, imposent la protection, la reconstitution et l’extension de cette richesse nationale, pour préparer aux générations futures un environnement sain et équilibré. Le problème qui se pose est celui de concilier utilisation économique des ressources forestières et protection de l’environnement.




Aussi, l’aménagement des forêts devrait-il constituer un outil de gestion de leurs fonctions économiques, écologiques, sociales et culturelles, élargissant ainsi la notion de rendement soutenu applicable en forêts tempérées à hautes potentialités. La conservation intégrale de certains milieux forestiers riches et peu dégradés, comme la sapinière et certaines cédraies, pour protéger la biodiversité constitue un objectif particulier d’aménagement. Par ailleurs, l’intégration de l’aménagement de la faune sauvage dans le cadre des aménagements forestiers, permet de maintenir l’équilibre écologique, d’améliorer la biodiversité et d’augmenter les revenus de la forêt.


En d’autres termes, le rôle d’utilité générale joué par la forêt doit être au centre des préoccupations des décideurs, il doit toujours primer son rôle économique et fiscal. La recherche du rendement constant peut avoir comme conséquence une diminution de la vitalité de la forêt, ce qui risque de retarder, voir même d’empêcher, l’évolution des peuplements dans le sens de l’ambiance forestière équilibrée.

Mais les droits d’usages résultant des pratiques ancestrales des populations riveraines, constituent pour les forêts marocaines des charges écrasantes et parfois mortelles. Le problème est donc de concilier l’aménagement de l’exercice du droit d’usage et l’arrêt de la dégradation de la forêt.

Cependant il est très difficile d’imposer aux populations riveraines, généralement démunies, des règles strictes de conservation de la forêt lorsqu’elles dépendent directement de cette dernière pour satisfaire des besoins alimentaires et énergétiques vitaux. La satisfaction de ces besoins est un préalable, car toute législation si répressive soit-elle ne saurait être efficace dans ces conditions.

L’amélioration du niveau de vie des populations rurales, dans le cadre d’un aménagement intégré de l’espace rural, permettrait de diminuer indirectement la pression qui s’exerce constamment sur nos ressources forestières.

L’effort de boisement ne doit pas concerner uniquement le domaine forestier. Les terrains à vocation forestière des propriétaires particuliers et les terres collectives devraient être boisés dans l’intérêt des propriétaires et l’intérêt général, en raison des biens et services qui en découlent et des bienfaits directs sur l’environnement. Les procédures de conventions DRS ou de contrats FNF, n’ont pas donné les résultats escomptés en raison de la soumission au contrôle constant des services forestiers, des terrains privés ayant fait l’objet de travaux de reboisements ou de DRS à l’aide de prêts de l’Etat.

cela porte des restrictions au droit de propriété et expose le bénéficiaire du prêt, en cas d’infractions, aux même sanctions pénales en vigueur dans le domaine forestier de l’Etat, puisque ces terrains  deviennent soumis au régime forestier.

Par ailleurs, l’incitation et la sensibilisation des agriculteurs à utiliser des brise-vent comme moyen d’amélioration de la productivité, et comme source de produits ligneux ; l’introduction dans leur mode de vie des énergies renouvelables (les énergies solaire et éolienne, le biogaz), sont nécessaires pour amortir l’intensité des prélèvements qui s’effectuent dans les forêts naturelles, et pour diminuer l’utilisation des combustibles fossiles. Ces dernières mesures contribueront à alléger la facture pétrole et à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.


Par ailleurs, dans le cadre de l’aménagement des bassins versants, il est logique que les propriétaires agricoles en aval des retenues de barrages, participent aux efforts de protection de ces ouvrages, qui les alimentent en eau d’irrigation, en procédant à des plantations de bosquets et de brise-vent, qui assurent une certaine production de bois, et qui permettent une biodiversité favorable à l’avifaune sauvage qui, par ailleurs, contrôle les populations d’insectes.

Ces mesures ne vont pas affecter leur production agricole, bien au contraire, car les grandes surfaces agricoles de monocultures, non interrompues par des boisements, sont très vulnérables aux attaques massives des insectes ravageurs des cultures. La production de bois en aval, aura comme objectif la réduction des prélèvements de bois en amont.

Les communes rurales qui bénéficient des recettes forestières, doivent investir au moins 20% de ces recettes dans des actions agro-sylvo-pastorales. La plantation de périmètres de boisements énergétiques par ces communes avec l’aide technique des services forestiers, pour subvenir aux besoins des villageois en bois de feu, ne manquera pas non plus d’alléger la pression constante qui s’exerce sur les forêts naturelles. Les recettes recouvrées suite à l’exploitation de ces boisements communaux va aussi renforcer leurs ressources financières.



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Une sensibilisation générale à tous les niveaux doit être constamment entreprise, pour que les populations usageres et les différents acteurs du secteur forestier, puissent se rendre compte de la  vraie valeur de nos arbres forestiers.


En effet, nos Genévriers avec leur tempérament d’acier et leur rôle social, surtout en haute montagne, là où aucun arbre n’ose s’aventurer ; ils assurent la survie des courageux montagnards en hivers en leur procurant bois de feu et de cuisson ; leur feuillage est l’unique fourrage pour leur bétail. Leur disparition est un désespoir pour ces fidèles foyers humains à la montagne marocaine, qui finiront un jour par éteindre leurs feux et descendre en ville pour habiter ces insalubres quartiers que sont les bidonvilles. Là ils seront plus désespérés.

Le Cèdre de l’Atlas, avec son port majestueux et sa longévité légendaire est une espèce noble et si remarquable. On devrait être satisfait de posséder de si belles futaies. Le Liban n’a-t-il pas l’emblème du Cedrus Libani dans son drapeau national ? Son bois d’œuvre est d’une grande valeur économique.

Le Thuya, qui occupe les sols les plus ingrats et qui résiste aux températures les plus implacables, est aussi sobre de sols que d’eau. Il laisse derrière lui des terrains stériles qui ne serviront plus à grand chose après lui. Conservons le, avant qu’il ne cède sa place au désert.

Le Chêne-liège au rôle économique incontestable, doit être ménagé et protégé contre les maux qui l’affectent lourdement (défrichements et dépérissements). Le liège qui est un matériau naturel et biodégradable, gardera toujours sa valeur et ses qualités technologiques, en raison des inconvénients des matériaux qui le concurrencent, dont les déchets ne sont pas facilement décomposables et qui portent préjudice à l’environnement.

Le Chêne vert est de tous nos chênes celui qui est le moins difficile, qui fait figure d’essence de remplissage, de ciment vivant qui relie les massifs forestiers ; il apparaît comme le fond, sur lequel se détachent les peuplements des autres essences.

L’arganier est le dernier rempart face à l’avancée du désert, cet arbre typiquement marocain assure la vie à toute une population du  S/W du Maroc septentrional, son rôle socio-économique et son action sur l’environnement, font de lui un arbre providence sous un climat aride où aucune autre espèce ne peut procurer ses multiples services.




Tous les peuplements forestiers ont leur rôle à jouer. Leur régression est néfaste à bien des égards : bien des sources et des puits risquent de tarir, des rivières risquent de voir leur débit s’amoindrir, les inondations seront plus fréquentes, les amplitudes thermiques augmenteront et la pluviosité serait affectée.

Aussi, est-il impératif de conserver et développer cette richesse nationale par la régénération assistée et les reboisements. En se basant uniquement sur la régénération par rejets des essences qui ne se renouvellent que de cette façon (tous les feuillus, le Thuya et le thurifère), on risque de perdre, à long terme, de vastes surfaces forestières en raison de la perte de l’ensouchement des arbres les plus âgés.

La diminution de la pression qui s’exerce sur les forêts suffirait pour qu’elles puissent évoluer, là où la dégradation n’est pas très avancée, vers l’ambiance forestière idéale. Car la végétation méditerranéenne est d’une vitalité et d’un dynamisme à toutes épreuves.
 
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