Les principales essences
forestières qui constituent les divers groupements végétaux au Maroc
appartiennent à deux groupes bien distincts : les résineux ou conifères et
les feuillus.
Les essences résineuses sont des arbres appartenant à
l’embranchement des Gymnospermes et à l’ordre des Conifères. On distingue les conifères
à feuilles réduites en aiguilles comme le Cèdre, le Sapin et les Pins ; et
celles à feuilles réduites à des écailles comme les Genévriers et le Thuya.
Les essences feuillues appartiennent à l’embranchement des
Angiospermes et à l’ordre des dicotylédones, dont les feuilles sont à limbe
large et aplati.
Les essences résineuses.
Le Cèdre de
l’Atlas.
Cedrus atlantica
Manetti (1884).
Noms vernaculaires : Arz, Idguil, Idil, Amgûz.
Ce genre ne comprend plus actuellement que quatre espèces :
·
Le Cèdre de l’Himalaya : Cedrus Deodara qui constitue de vastes
forêts en Inde et en Afghanistan.
·
Le Cèdre du Liban : Cedrus Libani qui constitue des peuplements au Liban et en Turquie.
·
Le Cèdre de Chypre : Cedrus brevifolia dont les boisements sont très réduits sur l’île
de Chypre.
·
Le Cèdre de l’Atlas qui forme de belles forêts
au Maroc et en Algérie.
Au Maroc l’aire du Cèdre est répartie sur le Rif, le Moyen
Atlas et le Haut Atlas oriental. Dans le Rif cette essence forme de belles
futaies dans les secteurs de Targuist et de Kétama. Dans le Moyen Atlas on la
trouve dans les montagnes de Taza (Bou Iblane, Tazekka..), et dans la partie
centrale de cette chaîne où l’on trouve les plus beaux boisements du Maroc
(Ifrane, Azrou, Itzer, Khénifra). Dans le Haut Atlas oriental, des cédraies
généralement très âgées se trouvent dans des conditions climatiques difficiles
du fait de l’altitude de la continentalité accentuée, et de l’insuffisance
pluviométrique (Jbel El Ayachi et le Masker).
Du point de vue écologique, le Cèdre est un montagnard qui
trouve son optimum dans le climat méditerranéen humide froid à continentalité
un peu accentuée (850 à 1.200 mm). Mais il se trouve aussi dans l’étage
subhumide. Son altitude va de 1.350-1.400 m dans le Rif à 2.600-2.800 m dans le
Haut Atlas oriental. Il est indifférent à la composition chimique des sols et
s’accommode de toutes les formations géologiques.
Son association végétale présente, quand il est sous forme
de futaie, deux faciès bien distincts :
·
Un faciès relativement sec que l’on trouve dans
les cédraies continentales de hautes altitudes (Haut Atlas oriental). Le
cortège floristique se compose du Genévrier Thurifère, le chêne vert, le frêne
dimorphe, le Pin d’Alep, L’Aubépine monogyne, l’épine Vinette d’Espagne, le
buis des Baléares etc.
·
Un faciès humide avec le Houx, le Chêne vert,
les érables, le merisier, l’alisier blanc, l’If, les ronces, la pivoine, le
daphné Laureola, le ciste à feuilles de laurier, le cytise de Battandier etc.
C’est un arbre d’une longévité considérable qui peut
dépasser le millénaire. Sa régénération naturelle est capricieuse et assez
aléatoire et demande la conjonction d’un certain nombre de conditions
climatiques et écologiques pour arriver à terme.
Les ennemis du Cèdre sont les incendies, les champignons
et les insectes. Les champignons sont surtout le Trametes pini (le Mjéj) et le Polyporus officinalis
(le Saboune), qui s’attaquent au bois et en déprécie un nombre considérable de
m3. Les attaques des insectes sont essentiellement l’œuvre de Thaumatopaea
pityocampa ou chenille processionnaire qui est un phytophage qui cause des
dégâts importants.
Le bois de Cèdre est un excellent bois d’œuvre connu et
apprécié depuis la plus haute antiquité. Il possède toutes les caractéristiques
des résineux d’Europe sauf la résilience (résistance au choc). Le bois à des
qualités particulières selon les zones d’origine : ébénisterie, menuiserie
et charpente. Il peut donner des poteaux téléphoniques, du bois de mine et des
perches. Par contre c’est un bois de feu banal et un médiocre bois de
carbonisation. Sa distillation industrielle donne une gamme de produits
pharmaceutiques et aromatiques.
Le Sapin du Maroc.
Abies marocana
Trabut (1906).
Nom vernaculaire : en rifain : Chohh, Chuhah
Le genre Abies est très répandu dans l’hémisphère nord. Il
comprend Abies alba, le Sapin argenté
ou Sapin des Vosges qui est l’une des grandes essences forestières d’Europe.
Plusieurs autres espèces de ce genre existent
aussi bien en Amérique (Abies
grandis : Sapin de Vancouver) qu’en Asie. Le pourtour de la
Méditerranée ne manque pas non plus d’espèces de genre Abies qui présentent, de
ce fait des caractères de ressemblance :
·
Abies
cephalonica en Grèce,
·
Abies
nordmanniana en Turquie et en Russie(Caucase),
·
Abies
Cilicica (Liban, Syrie),
·
Abies
numidica (Algérie),
·
Abies
pinsapo en Espagne et
·
Abies
marocana au Maroc.
Cette dernière espèce était considérée autrefois comme une
sous-espèce d’Abies pinsapo, mais elle s’en est différencié sous l’influence de
facteurs géographiques et historiques. L’espèce marocana est endémique du Maroc
et ne se trouve que dans le Rif où elle se localise exclusivement dans les
montagnes de Chefchaouène et plus précisément à Talassentane.
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Cette essence est nettement calcicole. Les forêts se
forment dans l’étage méditerranéen humide entre 1.600 et 2.100 m d’altitude
mais elles sont rarement pures. Dans les stations humides, les Chênes Zeen et
Tauzin s’y mêlent ; là où le milieu est moins humide, le Pin maritime s’installe
souvent. Quant au Cèdre, il se faufile partout et ne peut dominer que sur les
sommets, avantagé par la sécheresse relative du climat. Ça et là le Pin noir
fait partie du paysage floristique.
Le bois du Sapin du Maroc n’a pas la qualité du bois de
Cèdre. Il est lourd et souvent noueux. Il est utilisé pour la menuiserie
courante, pour la caisserie et pour la confection des traverses de chemin de
fer. Il est attaqué aussi par le champignons Polyporus officinalis (le Saboune).
Les Pins :
Le genre Pinus est représenté
au Maroc par trois espèces :
·
Le Pin d’Alep,
·
Le Pin maritime avec deux sous-espèces,
moghrebiana qui est endémique du Maroc et iberica qui se trouve surtout en
Espagne,
·
Le Pin noir du Maroc.
Le Pin d’Alep.
Pinus halepensis
Mill.
Noms vernaculaires : Snober, Tarda.
Le Pin d’Alep est une essence circum-méditerranéenne. Son
aire s’étend du bord oriental de la mer noire et des montagnes de la
Mésopotamie jusqu’à la péninsule ibérique. On le trouve en Irak, en Syrie, au
Liban, en Palestine, en Turquie, en Grèce, en ancienne Yougoslavie, en Italie,
en France et en Espagne. Mais il n’existe pas au Portugal.
En Afrique du Nord, le Pin d’Alep est l’essence la plus
représentée après le Chêne vert ; il occupe de grandes surfaces en Algérie
et en Tunisie, quelques stations en Libye, mais il est présent au Maroc avec
une aire très morcelée.
Au Maroc, cette espèce hautement méditerranéenne a une
aire réduite et très dispersée en raison de l’influence de l’Océan Atlantique
et de l’action destructive de l’Homme. On le rencontre dans le Rif (Nador,
Aknoul), au Maroc oriental (Debdou, Taforalt), dans le Moyen Atlas (régions de
Taza, d’El Hammam, vallées d’Ahansal et d’Assil Melloul), et dans le Haut Atlas
où il se présente sous forme de peuplements dans des stations très éparses
(bassin de la Tessaout)
C’est une essence thermophile et xérophile. Son optimum
pluviométrique se situe dans la tranche 350-450 mm et végète mal au-dessus de
700-800 mm, m > ou = 0°C et résiste moyennement à la neige. C’est l’essence
de l’étage méditerranéen semi-aride continental. On le trouve depuis le
littoral jusqu’à 2.000 m, son optimum se situe entre 800 et 1.200 m. Il est par
ailleurs, indifférent à la nature chimique des sols et ne craint que
l’hydromorphie prolongée et les sols sableux trop filtrants.
L’association végétale du Pin d’Alep est de caractère
thermophile et xérophile à sous-bois dense mais peu élevé. Elle comprend le
Chêne vert, le Thuya, le Genévrier rouge, le Chêne Kermès, le Romarin, la
globulaire, la Bruyère à fleurs multiples, l’Oléastre, le lentisque, le Buis
des Baléares, le Frêne dimorphe etc.
Ses ennemis sont aussi les incendies, le Trametes pini
(Mjéj) et la chenille de Thaumatopaea pityocampa. Mais les attaques ne causent
pas de gros dégâts comme dans la Cédraie. Mais les peuplements artificiels sont
plus vulnérables à l’invasion de la chenille processionnaire.
Son bois est de qualité ordinaire, il peut servir comme
bois d’œuvre : menuiserie ordinaire, charpente, caisserie. Il est
susceptible de fournir du bois de mine, des poteaux et des perches.
Les Pins Maritimes.
Il existe trois sortes de pins maritimes, d’après la
classification de H. del Villar, (1947) :
·
Pinus
pinaster sous-espèce Hamiltonii
avec deux variétés :
Var.
magrebiana H. del Villar = pin maritime du Maroc.
Var. iberica
H. del Villar = pin maritime d’Espagne.
·
Pinus
pinaster sous-espèce Renoui H. del Villar
C’est le pin
maritime d’Agérie-Tunisie.
·
Pinus
pinaster sous-espèce atlantica var. maritima H. del Villar.
C’est le pin maritime atlantique qui a été introduit au
Maroc depuis 1917.
Ces pins ont des aires assez étendues dans la Méditerranée
occidentale :
Le pin maritime atlantique s’étend dans le sud-ouest de
l’Europe, en France, en Espagne et au nord du Portugal.
Le pin maritime d’Espagne a une aire très étendue en
Espagne (Sierra Nevada et Sierra Cazorla), mais il occupe aussi quelques
stations dans le Rif au Maroc.
Le pin maritime d’Algérie-Tunisie forme des massifs isolés
le long du littoral dans les régions de Bejaïa, Annaba, Djidjelli et Colo en
Algérie et à Tabarka en Tunisie.
Au Maroc, le pin maritime du Maroc constitue des
peuplements de montagne dans le Moyen Atlas dans les régions de Taza, de Sefrou
et d’Ifrane. On le rencontre aussi dans le Haut Atlas, dans les hautes vallées
de l’Ansgmir et dans le bassin de la Tessaout.
Le Pin maritime
du Maroc.
Pinus pinaster ssp. Hamiltonii var moghrebiana
H. del Villar.
Noms vernaculaires : Snober, Tarda.
Ce pin endémique du Maroc habite les montagnes moyennement
humides et humides à des altitudes variant entre 1.500-1.600 m à 2.200 m. Il se
situe dans les étages bioclimatiques méditerranéens subhumide et humide froids
(800 à 1.000 mm de pluie par an). Il supporte la neige et les basses
températures (-15 °C). Il n’est pas aussi calcifuge que le pin maritime
atlantique, il pousse dans des sols contenant une certaine proportion de
calcaire.
Les espèces accompagnatrices sont : le Cèdre, le Pin
d’Alep, le Chêne vert, le Chêne-liège, le Genêt à quatre fleurs, le Romarin, le
Ciste à feuilles de sauge, etc.
Son bois est de bonne qualité, c’est un bois d’œuvre très
convenable en menuiserie, charpente, caisserie. La rectitude de son fût permet d’en tirer des poteaux téléphoniques
et du bois de mine.
Ses ennemis sont également ceux du pin d’Alep.
Le Pin maritime
d‘Espagne.
Pinus pinaster ssp. Hamiltonii var. iberica H.
del Villar.
Noms vernaculaires : identiques aux précédents.
Cette variété de pin est surtout répandue en Espagne, mais
il occupe quelques stations dans le Rif en particulier en mélange avec le Sapin
du Maroc, le Cèdre, le Chêne vert et le Chêne-liège. On le connaît dans les
montagnes de Chefchaouène, des Kétama, des Béni Derkoul etc.
Le Pin noir du
Maroc.
Pinus nigra Arn.
var mauritanica Maire et Payer ssp. Clusiana Clem.
Nom vernaculaire : Anagro.
Cette espèce est très polymorphe et comprend plusieurs
races géographiques ayant leurs aires propres dans la région méditerranéenne :
·
Le pin noir de Salzmann ou des Cévennes en Espagne
et en France.
·
Le Pin noir d’Autriche dans les alpes orientales
et les Carpates.
·
Le Pin noir de Caramanie en Orient et en Crimée.
·
Le Pin noir de Corse ou de Calabre.
·
Le Pin noir du Maroc.
Cette variété endémique du Maroc n’existe que dans le Rif
où il occupe quelques rares stations, vers 1.500-1.600 m d’altitude, en
compagnie du Pin maritime, du Sapin du Maroc et du Cèdre à la base de son
étage.
La dispersion du pin noir à l’état de races distinctes et
régionalement bien localisées, suppose une aire jadis continue et une grande
ancienneté de l’espèce et la preuve de l’existence de liens géographiques
aujourd’hui rompus. L’isolement géographique des peuplements résiduels a
abouti, sous l’action du temps, à la différentiation de races locales qui se comportent
actuellement comme des espèces. Il en est de même pour les Sapins du pourtour
méditerranéen.
Le pin noir appartient à un groupe du genre Pinus qui
existait déjà au Crétacé inférieur sous des formes voisines des types actuels.
Cet arbre est donc une remarquable relique des temps géologiques les plus
reculés (troisième partie de l’ère Secondaire).
Les Pins introduits au Maroc.
D’autres pins non spontanés au Maroc présentent un intérêt
à des titres divers ; il s’agit de :
Le pin brutia : Pinus brutia Ten.
Il est voisin du pin d’Alep, on le trouve dans les régions
de la Méditerranée orientale : en Grèce, en Crête, à Chypre, en Turquie et
en Syrie à Alep.
Le pin
pignon : Pinus pinea L.
Appelé aussi pin parasol, cette espèce est aussi circum-méditerranéenne
qui existe depuis le Portugal jusqu’en Syrie. Il est cultivé depuis longtemps
comme arbre ornemental et aussi pour ses graines qui sont comestibles et qu’on
utilise en pâtisserie.
Le pin des
Canaries : Pinus canariensis Smith (1825).
Comme son nom l’indique, cette essence est endémique des
îles Canaries. Il est utilisé comme arbre d’ornement et comme espèce de
reboisement dans les pays à climat tempéré chaud comme le Maroc.
Le pin de
Monterey : Pinus rdiata D. Dou (1836).
Pinus
insignis Dougl.
Il est originaire de la baie de Monterey en Californie
centrale. En raison de son remarquable taux d’accroissement, il est utilisé
dans les reboisements dans divers pays dont le Maroc qui l’a introduit depuis
1950.
Plusieurs autre espèces de pins ont été introduites au
Maroc, dans les jardins, les arboretums et même à titre d’essais dans certains
périmètres de reboisement.
Le Thuya de Berberie.
Tetraclinis
articulata Mast.
Noms vernaculaires : Arar, Azouka.
Le Thuya de Berberie est une espèce pratiquement endémique
de l’Afrique du Nord. En dehors, on n’en retrouve que deux petites stations,
l’une en Espagne dans la région d’Almeria et l’autre à Malte.
On le trouve en Libye,
Tunisie, en Algérie et surtout au Maroc où il occupe de grandes surfaces et y
tient la troisième place du point de vue superficie, après le Chêne vert et
l’Arganier. Sa distribution géographique au Maroc se présente sous trois blocs
bien caractérisés :
·
Le bloc oriental et du Moyen Atlas,
·
Le bloc central,
·
Le bloc méridional.
Le bloc oriental et du Moyen
Atlas comprend les boisements du Maroc oriental, du Rif et ceux du Moyen Atlas.
Au sud du détroit Sud Rifain, le Thuya ne couvre qu’une petite surface dans la
grande zone forestière du Moyen Atlas. On le trouve dans la région de Taza, à
El Aderj et dans la vallée du Guigou. Il est absent à Azrou et Itzer et ne
réapparaît que vers Khénifra.
Dans le bloc central, le thuya s’étend dans les vallées de
l’Oued Beht et de l’Oued Grou, et occupe des stations dans les vallées des
cours d’eaux côtiers entre Rabat et Casablanca.
La plus grande masse de thuya se trouve dans le bloc
méridional. Dans le Haut Atlas, il forme une frange à la base du Chêne vert.
Sur le versant sud de cette chaîne et dans la vallée du Sous, il s’intercale
entre le Chêne vert en haut et l’Arganier en bas. On le retrouve dans l’Anti
Atlas, sa station extrême se trouve vers Ifni.
Du point de vue écologique, le thuya est une essence
thermophile et xérophile, peu exigeante en pluviométrie dont l’optimum se situe
entre 350 et 400 mm. Il craint le froid, ainsi on ne le trouve pas aux hautes
altitudes. Il existe du bord de la mer jusqu’à 1.800 m d’altitude. C’est donc
une essence de l’étage méditerranéen semi-aride doux, mais il peut déborder sur
le subhumide. Il est l’essence la moins exigeante du point de vue sol,
composition chimique et humidité ; mais redoute les sables mobiles et ne
peut s’installer sur les dunes qu’après leur fixation.
L’association du Thuya comprend les plantes suivantes : la
Germandrée, le ciste velu, la lavande, le pin d‘Alep, l’oléastre, le caroubier,
le lentisque, Withania frutescente, le filaria, le romarin, etc. Dans le sud on
a le Frêne dimorphe, les euphorbes, le Tizra, etc.
Très renommé depuis l’antiquité, le bois de thuya est un
très beau matériau susceptible d’être utilisé comme bois de menuiserie fine et
d’ébénisterie, mais les dimensions recherchées à cet effet deviennent
malheureusement de plus en plus rares. Sa principale utilisation se réduit à la
production du bois de service, bois de mine, perches etc.
Il donne un bon bois de chauffage et son charbon est léger
et d’assez bonne qualité. Les loupes de thuya qui donnaient jadis du placage de
choix, ne se retrouvent plus de jours, tant elles ont été exploitées. Il faudrait
deux siècles pour en refaire. Les rares pièces qui existent encore sont
utilisées par l’artisanat local, surtout à Essaouira.
Le plus grand ennemi du thuya est sans conteste le feu
d’incendie. Il arrive quand même à résister à ce fléau grâce à sa remarquable
capacité de rejeter de souche même après incendie
Les défrichements, les mutilations graves et en
particulier la récolte de la gomme sandaraque par gemmage, sont aussi
responsables de la disparition de certaines Tétraclinaies.
Les Genévriers.
Les espèces de Genévrier que l’on rencontre au Maroc sont
de deux types :
Les espèces à feuilles
aciculaires (en allène) : le Genévrier commun et le Genévrier
Oxycèdre ; et les espèces à feuilles squamiformes : le Genévrier
rouge et le Genévrier Thurifère.
Le Genévrier
commun.
Juniperus
communis L. (1753). Var hemispherica.
C’est une espèce nettement septentrionale. Il est très
répandu sur toute l’Europe et il est le seul conifère qui existe à la fois dans
l’ancien et le nouveau monde.
Cet arbuste croissant en touffes serrées, basses et
étalées, est très rare au Maroc. Il a été signalé surtout en hautes altitudes
sur des stations à substratum calcaire : sur le sommet du Tichoukt vers
2.700 m, sur les pentes sud du sommet de Bou Nacer à plus de 3.000 m, sur le
mont Ighil dominant les sources de l’Oued El Abid à partir de 2.300-2.400 m, et
dans le Rif sur le mont Krâa à 2.000 m d’altitude.
Juniperus Oxycedrus L.
Noms vernaculaires :
Arar, Taqqa,
C’est un petit arbre ou
arbuste à tempérament très robuste,
il est disséminé et subordonné aux essences principales et très répandu
en Afrique du Nord surtout en montagnes. Il ne forme pas de peuplements purs et
se trouve en mélange avec d’autres essences.
Il est nettement circum-méditerranéen,
on le trouve depuis Madère jusqu’en Iran, et joue un rôle utile de remplissage
dans les forêts pauvres au Maroc, en Algérie et en Tunisie.
Au Maroc, on le trouve
dans l’Oriental, le Moyen Atlas et le Haut Atlas. Rare en plaines, il se rencontre
dans presque toutes les montagnes où il atteint la limite de la végétation
forestière. Résistant au froid et à la sécheresse, il relève de l’étage
méditerranéen semi-aride mais il s’adapte très bien à l’étage subhumide du
Moyen Atlas. Il est indifférent à la nature du sol.
Son bois peut servir pour
la confection de perches très résistantes à la rupture, et de poteaux de mine.
On en extrait un goudron végétal, l’huile de cade, qui est un produit
médicinal. On le fabrique par distillation de vieux Oxycèdres.
Le Genévrier rouge ou Genévrier de Phénicie.
Juniperus phoenicea L. (1753).
Noms vernaculaires :
Arar, Aïfs.
Cette espèce est
circum-méditerranéenne que l’on trouve en Afrique du Nord, aux Iles Canaries,
en Arabie, dans la péninsule ibérique et un peu en France (dans les Alpes et
sur les sables du littoral).
Il occupe des surfaces
importantes en Algérie, au Maroc et en Tunisie, dans deux milieux très différents : en montagne et sur le littoral. On le
trouve aussi en Libye.
Au Maroc, l’aire du
Genévrier rouge comprend deux secteurs bien différentiés : Le secteur
littoral qui est très limité
puisqu’il n’englobe que les dunes
maritimes du Maroc et en particulier celles de Saïdia, Mehdia, Azemmour et
Essaouira. Et le secteur montagnard qui s’est développé dans tout le Moyen
Atlas de Taza au Tadla, dans le Haut Atlas où il couvre d’importantes surfaces,
notamment sur le versant sud, et sur les îlots montagneux du Maroc oriental au
sud d’Oujda ainsi que les pentes du Sagho jusqu’à 2.000-2.400 m. il est rare
dans le Rif.
Du point de vue
écologique, ce Genévrier est essentiellement xérophile, mais il n’est pas
thermophile comme le thuya. De toutes les essences forestières, c’est elle qui
résiste le mieux à l’aridité que ce soit sur les dunes ou en montagne. Dès que
le climat devient froid et continental, il se substitue au thuya et lui succède
en altitude dont la limite ne dépasse pas 2.400 mètres.
C’est une espèce de
l’étage méditerranéen semi-aride, qui se contente en montagne d’une faible
pluviosité (250 mm d’eau) et qui est indifférent à la nature du sol. Sa
robustesse lui permet de végéter dans des conditions les plus sévères, mais il
ne résiste pas aux incendies avec la même vigueur que le thuya car il ne
rejette pas de souche.
Son bois est utilisé
comme bois de charpente et de construction par les populations locales. Les
petites perches sont assemblées et tressées pour être utilisées comme armatures
des dalles en terre des terrasses.
Les arbres sont souvent
traités en émonde pour servir à l’alimentation du bétail en hivers et en
période de sécheresse.
Juniperus thurifera L. (1753) var africana Maire.
Noms vernaculaires :
Arar, Aoual, Taoualt, Adroumam.
C’est une espèce que l’on
trouve dans les alpes françaises, les Pyrénées, l’Espagne et l’Afrique Nord où
il se cantonne essentiellement au Maroc en raison de l’altitude élevée des
montagnes. Il n’existe pas en Tunisie et il est très rare en Algérie avec une
seule station signalée au Jbel Maamel dans l’Aurès à 2.000 m.
Dans le Moyen Atlas, il
monte au-dessus du Cèdre, il peut être en mélange avec lui ou à l’état pur. Il
existe dans les montagnes de Taza, puis sur le Tichoukt (Boulemane), près
d’Ifrane au Tizi n’Tretten, il est disséminé partout dans la région de
Timahdit, Aghblou Larbi, Senoual, ainsi que dans la forêt de Sidi M’Guild.
Dans le Haut Atlas, il
existe dans la partie centrale (Oued El Abid, Zaouia Ahansal) et dans le
secteur oriental (Masker, Ayachi) où il constitue les plus importants
peuplements. On le trouve aussi à l’état très disséminé sur le versant sud de
cette chaîne et au Sagho en contact avec son congénère le Genévrier rouge.
C’est l’arbre qui monte
le plus haut en altitude, en climat méditerranéen semi-aride froid continental,
sec et lumineux. De ce fait, il est absent du Rif trop bas pour lui, et du Haut
Atlas occidental où le climat est océanique. Il succède au Cèdre à partir de
2.000 m et peut monter jusqu’à la limite de la végétation forestière vers 3.000
m. Il est indifférent quant à la nature du sol quoiqu’on le retrouve le plus
souvent sur des calcaires.
C’est un arbre très
longévif qui peut atteindre 500 ans. Il ne rejette pas de souche, mais il
rejette de tige, après la coupe des branches il donne de jeunes brins qui
deviennent des perches. Le bois est très beau et d’un grain très fin qui peut
être utilisé en ébénisterie, mais il est pratiquement inexistant. Tant les
arbres sont maltraités : émondages, traitement en têtard, mutilations
graves.
Le Cyprès de l’Atlas.
Cupressus atlantica Gaussen (1950).
Noms vernaculaires :
Azel.
Le genre Cupressus se
trouve autour de la Méditerranée, en Asie et en
Amérique du Nord.
En Afrique du Nord, il
existe une espèce spontanée qui est le Cyprès de l’Atlas, une espèce
subspontanée qui est le Cyprès toujours vert, et trois espèces
introduites : le Cyprès de l’Arizona (Cupressus
arizonica), le Cyprès Lambert (Cupressus
macrocarpa) et le Cyprès de Goa (Cupressus
lusitanica).
Le Cyprès toujours vert
comprend deux variétés, l’une appelée horizontale et l’autre pyramidale :
Cupressus sempervirens L. (1753) var horizontalis.
Cupressus sempervirens L. (1753) var stricta.
Cette espèce, dont l’aire
est mal déterminée, est anciennement cultivée dans tout le pourtour
méditerranéen.
Le Cyprès de l’Atlas est
une espèce endémique du Maroc. Il a été considéré pendant longtemps comme une
variété de Cupressus sempervirens, mais il n’a rien de commun avec lui. C’est
Gaussen qui, en le décrivant le premier, l’a élevé au rang d’espèce.
On le trouve sur versant
nord du le Haut Atlas dans la forêt de l’Aghbar vers le Tizi n’Test. De
tempérament robuste, il est susceptible de s’adapter à des conditions sévères.
Bien qu’il soit xérophile, il peut prospérer dans des climats assez humides.
Il s’élève en altitude
entre 1.000 et 2.000 mètres, et s’intercale entre le thuya en bas et le chêne
vert en haut. Il tient la même place avec le genévrier rouge, auquel il se
mélange dans une ambiance de climat semi-aride froid.
Il est très longévif et
peut atteindre 500 ans. Il ne rejette pas de souche mais, mais il peut rejeter
de tige comme le thurifère, d’où sa forme souvent en candélabre.
Son bois est très
apprécié des riverains du Haut Atlas qui l’utilisent comme perches, bois de
service, planchettes d’école coranique etc. Il est aussi en arbre d’émondes
pour la nourriture du bétail.
Les autres résineux.
Trois autres espèces de
conifères méritent d’être signalées :
L’IF : Taxus baccata, l’Araucaria :
Araucaria excelsa, et le Thuya
d’orient : Biota orientalis.
Mais seul l’If est une
essence spontanée, les deux autres sont introduites et utilisées dans les
jardins comme arbres ornementaux.
Taxus baccata L.
Nom vernaculaire :
Dakhs.
L’aire de l’If est
étendue, on le trouve dans les forêts de l’Europe tempérée, aux Açores et dans
toute la région méditerranéenne. En Afrique du Nord, on le trouve en Algérie et
au Maroc à l’état disséminé dans les montagnes les plus arrosées.
Au Maroc, cet arbre
habite les stations les plus humides où les sols sont ombragés, frais et
profonds. On le rencontre dans les Cédraies du Moyen Atlas central et du Rif
central et occidental où il peut atteindre 2.000 mètres d'altitude.
L’arbre est à croissance
très lente, il est très longévif et peut
devenir millénaire et atteindre l’âge de 1.500 ans. Son bois est sans
résine, rouge imputrescible et élastique, il était jadis très recherché par les
ébénistes qui l’utilisent pour la fabrication des arcs.
Il supporte bien la
taille grâce aux bourgeons dormants qui existent sur son tronc et qui se
développent suite aux mutilations. Cette faculté fait de lui un arbre
ornemental. Mais il à l’inconvénient d’avoir les feuilles et le bois contenant
une essence et un alcaloïde (la taxine) toxiques pour l’homme et les animaux.
L’enveloppe charnue de la graine ne contient pas ces substances dangereuses, et
la graine elle-même est moins toxique que les autres organes végétatifs. Ainsi la dissémination des graines par les animaux qui
les avalent et en particulier par les oiseaux (ornithochorie), n’est pas
entravée.
C’est un exemple parmi
tant d’autres armes chimiques et stratagèmes que les végétaux utilisent, soit
pour lutter contre leurs ennemis prédateurs, soit pour assurer leur
fécondation, leur reproduction et leur dissémination afin de pouvoir coloniser
des espaces très éloignés.
Les essences feuillues.
Les
principales essences feuillues sont :
·
Les Chênes : le Chêne-liège, le Chêne vert,
le Chêne Zeen, le Chêne tauzin et le Chêne Kermès.
·
L’Arganier,
·
Les Acacias,
·
Les Peupliers.
Le Chêne-liège.
Quercus Suber L.
Noms vernaculaires :
Fernane, Bechma, Delma.
L'aire du chêne-liège se situe
dans la région de la Méditerranée occidentale et déborde le long du sud de la
façade atlantique, où les influences de la mer et de l'océan permettent de
tempérer la grande amplitude des oscillations thermiques et l'aridité de la
saison d'été du climat méditerranéen au sens strict:
Au Maroc, l’aire du
Chêne-liège comprend deux blocs : le bloc du Gharb et du Rif d’Ouest en
Est, y compris la forêt de Bab-Azhar de la région de Taza et le bloc du
Chêne-liège atlantique qui englobe les peuplements du Plateau Central, de la
Mamora et de la région de Benslimane. Le reste est réparti sur plusieurs
stations qui constituent plutôt des relictes botaniques.
Le Chêne-liège avait dans
la période préhistorique et au début de la période historique, une aire très
vaste. La forêt de la Mamora formait une immense Suberaie allant de la côte
atlantique jusqu’à la vallée de l’Oued Beht (100 km) d’une part, et du Gharb
jusqu’au Bou-Regreg d’autre part. Par ailleurs,
cette essence colonisait jadis toutes les plaines non calcaires et non
argileuses du triangle Tanger-Taza-Casablanca. L’homme les a déboisées et
transformées en terrains agro-pastoraux.
Les différentes stations
qui sont disséminées le long des montagnes dans les régions méridionales,
témoignent que le Chêne-liège avait, dans un passé relativement récent, une
aire immense. Les conditions climatiques qui devaient être plus humides que de
nos jours, ont évolué vers le dessèchement du pays et ont entraîné le recul de
cette essence dont l’aire actuelle se trouve confinée au nord du pays.
Du point de vue
écologique, le Chêne-liège est exigent en humidité, chaleur et lumière. Il a
besoin d’une tranche pluviométrique annuelle de l’ordre de 550 mm et d’une hygrométrie
de l’air de 60 % au pendant l’été. C’est un thermophile qui s’étage entre le
bord de la mer jusqu’à 1.300-1.500 m d’altitude. C’est aussi une essence de
lumière : les semis ne peuvent pas se développer sous le couvert des
semenciers qui les concurrencent aussi pour l’eau.
Les étages qui
conviennent le mieux à cette essence sont les climats méditerranéens humides
doux et subhumide doux. On le trouve également dans le semi-aride doux sur sols
sablonneux. Le Chêne-liège est calcifuge et marque une préférence pour les
terrains siliceux.
Les associations du
Chêne-liège sont différentes suivant le bioclimat et la nature du sol. En étage
semi-aride on a : sur sols sablonneux, Cytisus
linifolius, Cytisus arboreus, Pistacia lentiscus, Lavandula staechas, Cistus
salviifolius, Pyrus mamorensis. Sur sol compact on a Myrtus communis, Rhus pentaphyla, le Filaria, Cistus monspeliensis et aussi le lentisque et le ciste à feuilles
de sauge.
En étage subhumide, on
observe notamment : Erica arborea,
Arbutus Unedo, Cytisus triflorus, le myrte, la fougère aigle (Pteris aequilina). Il peut se mélanger
au Chêne Zeen et au Chêne vert.
Les ennemis du
Chêne-liège sont surtout les incendies, les insectes et les champignons. Parmi
les insectes les chenilles de Lymantria
dispar s’attaquent aux feuilles des arbres et provoquent de sérieux dégâts
qui peuvent entraîner la mort des pieds les plus atteints. Certains insectes
coléoptères s’attaquent au bois, les fourmis déprécient considérablement la
qualité du liège.
Les champignons qui
causent le plus de dégâts sont Hypoxylum Sertatum et Armilaria mellea.
L’utilisation la plus
importante est évidemment la production de liège. Le bois de Chêne-liège est
aussi un excellent bois de chauffage et donne un charbon de bonne qualité. Son
écorce est riche en tanin et ses glands sont grands et doux, ils sont de ce
fait recherchés pour la consommation humaine.
Le Chêne vert.
Noms vernaculaires :
Bellout, Kerrouch.
Cette essence est surtout
abondant en Afrique du Nord où il forme la toile de fond des forêts de
montagne. On le trouve en Tunisie, en Algérie et surtout au Maroc où il tient
la première place du point de vue superficie.
Au Maroc on le rencontre
dans le Rif où il est très répandu, dans l’Oriental (Beni-Snassen et Gada de
Debdou), dans le Moyen Atlas où il tient une place énorme entre 600 et 2.900 m
d’altitude et où il forme de belles futaies dans l’étage humide. Dans le Haut
Atlas, il forme un autre ensemble composé de taillis et un peu de futaie. Dans
la région atlantique on le rencontre dans le Plateau Central.
On estime que les forêts
de Chêne vert on été réduites de moitié en raison des incendies, de
l’extraction du tanin, du surpâturage et des délits de coupe et de
carbonisation.
Du point de vue
écologique, c’est une essence très plastique que l’on trouve depuis le bas du
semi-aride moyen ou froid, jusqu’à l’étage humide en passant par le subhumide.
Il se développe vigoureusement dans l’étage humide où il s’érige en magnifiques
futaies, et arrive à se maintenir dans le Sud, avec
300 mm de pluie, sous forme d’un maigre taillis.
Il est très résistant au
froid et absolument indifférent à la nature du sol. Mais l’aspect de sa
végétation reflète les conditions édaphiques et climatiques. Sa longévité est
de l’ordre de 200-250 ans qui peut atteindre facilement 300 ans. Sa
régénération se fait par semis, par rejets de souche et par drageons. Mais il
un accroissement lent.
Son association végétale
affecte deux faciès botaniques bien distincts : dans l’étage semi-aride en
montagne sèche, où il peut former une futaie claire, basse et xérophile, on
rencontre le Genévrier rouge, l’Oxycèdre, le Thuya, le Pistachier de l’Atlas,
le Frêne dimorphe, le Romarin etc.
Dans l’étage humide où il
forme une futaie dense et élevée, on observe le pin d’Alep, le pin maritime,
l’Erable de Montpellier, le Cèdre, le Caroubier, l’Aubépine, les Genêts, les
Cistes etc.
Son bois est le meilleur
bois de feu de l’Afrique du Nord et son charbon est d’excellente qualité. Le
prélèvement anarchique de l’écorce du pied des gros Chênes verts pour
l’extraction du tanin, a été la cause de la disparition de bien des étendues
boisées.
Les invasions par les
chenilles de Lymantria dispar sont moins graves et moins fréquentes que dans
les Suberaies.
Le Chêne Kermès.
Quercus coccifera.
L’aire botanique du chêne
kermès est essentiellement méditerranéenne. On le trouve dans le Midi de la
France où il colonise les basses montagnes et les pentes rocailleuses du
littoral. Il forme l’élément principal des garrigues en Algérie et en Tunisie.
Mais il est rarement représenté au Maroc où il est strictement localisé dans le
Rif, surtout sur le versant méditerranéen entre Tanger Saïdia.
Dans le bassin
méditerranéen on le trouve jusqu’en Asie Mineure et en Crimée.
Cette espèce affecte
souvent la forme buissonnante, mais il peut former de petits arbres de 6 à 7
mètres de hauteur en bons sols. C’est une essence de plaine et de plateaux, ne
dépassant jamais 1.000 m d’altitude.
De tempérament robuste,
il est souple du point de vue climatique puisqu’il peut se contenter de 400-450
mm dans l’intérieur, et on le trouve bien dans les zones du littoral recevant entre 450 et 1.000
mm de pluie. Il est indifférent à la nature du sol et végète bien sur les
terrains aussi bien siliceux que calcaires. Il a aussi une remarquable faculté
de drageonner.
Son rôle est de garnir
les sols les plus déshérités et de fournir par sa racine une écorce très riche
en tanin. Son bois très dur et solide donne un bon
bois de chauffage.
uercus faginea Lamk. s.l.)
Quercus Mirbeckii Dur
Q. tlemsanensis (War.) Batt.
et Trab.emend. ,H. del Villar.
Q. lusitanica Lam.
Nom vernaculaire :
Techta
Le Chêne Zeen ou encore
chêne zène, est une espèce très polymorphe qui a la particularité d’avoir des
feuilles caduques. Deux autres chênes à feuilles caduques existent en Afrique
du Nord : le chêne tauzin et le chêne afarès. Le dernier est endémique
d’Algérie où il se cantonne surtout en Kabylie.
L’aire du chêne zène est
très étendue sur le pourtour méditerranéen. On trouve cette essence en Espagne
et au Portugal, mais elle n’existe ni en France, ni en Italie, ni dans les
Balkans et les îles de la Méditerranée occidentale. Par contre, elle existe aux
îles Canaries, en Afrique du Nord, en Iran et en Arménie.
En Afrique du Nord, on le
trouve en mélange avec le chêne-liège dans les stations fraîches et en
montagnes humides.
Au Maroc, l’espèce Q. Mirbeckii est très représentée dans
le Rif surtout sur son versant atlantique. Elle franchit le détroit sud-rifain
à Taza et forme des colonies de plus en plus réduites tout le long du Moyen
Atlas et du Haut Atlas jusqu’au sud de Marrakech. Les plus importants
peuplements se trouvent à Bab-Azhar au sud-ouest de Taza, dans la forêt de Jaba
entre Ifrane et El Hajeb, dans les forêts d’Azrou et du plateau d’Oulmès.
Les autres îlots ont un
intérêt phytogéographique, ils témoignent comme les reliques du Chêne-liège que
les conditions climatiques étaient plus humides dans un passé pas très
lointain.
L’espèce tlemcenensis a été signalée à la limite
supérieure de la subéraie de l’Outka dans la région de Fès. Alors que Quercus lusitanica n’a été trouvé que dans les montagnes du Rif (Tanger,
Tétouan, Chaouène.). Son aire est à cheval sur le détroit de Gibraltar, car on
le trouve en Espagne et au Portugal.
Du point de vue
écologique, le chêne zène est une essence qui relève des étages humide et
subhumide, mais il ne forme des peuplements que dans les stations humides où sa
vigueur physiologique lui permet d’éliminer les autres essences, en particulier
le chêne-liège. Il a besoin de 800 mm de pluie au minimum, mais ne prend son
plein développement que dans les versants nord et dans les zones recevant 1.000
mm de pluviométrie.
C’est une essence d’ombre
puisque les jeunes semis se développent sous le couvert. Il supporte des froids
de –8 à –10 °C. il est indifférent à la nature chimique du sol qui doit
néanmoins être profond, fertile et frais. Grâce à son couvert épais, à ses
feuilles caduques et à l’humidité qui favorisent la formation de l’humus, c’est
l’essence nord-africaine qui donne naissance aux sols forestiers les plus
profonds et les plus riches.
Sa longévité dépasse 200 ans, il se régénère
par semis et par rejets de souche et par drageons.
Son association est
voisine de celle de la subéraie humide mais avec un sous-bois peu
développé : cytise à trois fleurs, bruyère arborescente, aubépine,
arbousier, ronce, houx, érable de Montpellier, alisier torminal, chêne-liège et
chêne vert.
Ses ennemis sont les
insectes qui parasitent les autres chênes et en particulier Lymantria dispar.
Son bois est utilisé dans
la confections des traverses de chemin de fer, des bois de mine, il est un bois
de chauffage moyen et un médiocre bois de carbonisation.
Son bois a l’aspect de
celui des chênes d’Europe mais on prétend qu’il n’en a pas les mêmes qualités,
mais il semblerait qu’une exploitation adéquate et quelques précautions
pourraient remédier à ses défauts technologiques. Des études devraient élucider
ce problème.
Le Chêne Tauzin.
Quercus pyrenaica Wild.
Noms vernaculaires :
Tachta, Techt.
Ce chêne a une aire très
limitée puisqu’il ne se trouve que dans la péninsule ibérique, dans le
sud-ouest de la France et au Maroc où il ne se
rencontre que dans la chaîne rifaine. Dans cette dernière, il se localise
surtout dans le massif du Mont Tiziren entre 1.200 et 2.000 mètres d’altitude,
dans les montagnes de la péninsule tingitane près de Chechaouen et sur le Mont
Outka au nord de Fès.
Ce chêne à feuilles
caduques est un arbre de taille moyenne qui rejette de souche et surtout qui
drageonne abondamment. C’est une espèce très calcifuge qui exige une tranche
pluviométrique élevée (plus de 1.000 mm) et un sol perméable. C’est ainsi qu’il
n’habite que les basses et moyennes montagnes humides du Rif occidental, entre
200 et 2.000 mètres où il peut former des forêts ou se mélanger au chêne zène.
Son bois est très lourd
mais ne peut pas donner du bois d’œuvre en raison de ses troncs à calibres
réduits et dont la forme est tourmentée. Par contre, il peut donner un
excellent bois de feu.
Son principal ennemi est
le «blanc des chênes », un champignon (oïdium) qui provoque de sérieux
dégâts dans ce type de chênaies.
L’Arganier.
Argania spinoza
(L.) Skeels.
Noms vernaculaires : Argan, Tachelaït.
Le centre de son aire est
la cuvette du Sous où l’Arganier règne en maître et d’où il monte à l’assaut du
Haut Atlas et de l’Anti-Atlas jusqu’à 1.500 mètres d’altitude. Au nord de cette
vallée du Sous, le thuya concurrence activement l’arganier en raison de
l’adoucissement du climat. Vers le sud cette espèce est arrêtée sur les crêtes
de l’Anti-Atlas qui appartiennent à l’aire du Thuya de Berbérie et du genévrier
rouge, souvent disparus d’ailleurs.
L’arganier pourrait
occuper le Haouz et le Tadla, ainsi que la basse Moulouya. Les stations
relictes qui existent encore au nord de son aire, sont la preuve que cette
Sapotacée occupait au Tertiaire et au Quaternaire d’immenses étendues au Maroc.
Les glaciations du quaternaire qui se sont traduites au Maroc par une forte
pluviosité et par la formation de glaciers en hautes montagnes, ont fait
reculer vers le sud les éléments tropicaux de la flore marocaine dont
l’Arganier fait partie.
D’ailleurs, la haute
ancienneté de l’espèce est nettement exprimée par sa morphologie archaïque, par
sa qualité de genre monotype et par son endémisme.
Du point de vue
écologique, l’arganier est une espèce xérophile et thermophile qui se défend
avec toutes ses forces dans les zone qu’elle occupe, ce qui en fait l’arbre le
plus précieux du pays puisque sa disparition se
traduirait par la désertification des régions arides qu’il recouvrait. Il
pousse au bord de la mer et s’élève en montagne jusqu’à 1.500 m d’altitude, à
la limite des plus bases neiges de la région.
Il
est peu exigeant du point de vue pluviométrique et peut se contenter de moins
de 250 mm de pluies et peut supporter des températures élevées et prolongées,
mais il a néanmoins besoin d’une hygrométrie de l’air appréciable.
On ne le trouve que dans
les étages bioclimatiques méditerranéens aride doux et semi-aride doux. Mais
c’est dans l’étage aride doux qu’il recouvre des surfaces considérables.
L’arganier a un
tempérament très robuste et plastique. Il se développe indifféremment sur tous
les types de sols à l’exception des sables mobiles.
Il se régénère par semis
et rejette vigoureusement de souche jusqu’à un âge très avancé. Il est très
rare de voir des végétaux présenter pareille réaction aux sévices du milieu
extérieur et une telle facilité pour remplacer la tige ou les rameaux mutilés,
par de nouveaux rejets.
L’association de
l’arganier est complexe du fait de sa situation géographique plus méridionale
et reflète l’influence des climats saharien et tropical et comprend, de ce
fait, des éléments étrangers à la flore méditerranéenne. Les espèces
méditerranéennes qui l’accompagnent sont : le thuya, l’oléastre, le
pistachier de l’Atlas, le genévrier rouge, le tizra, le jujubier, la lavande,
le caroubier etc. Les éléments particuliers qui présentent un cachet tropical
sont : les euphorbes cactoïdes, des lianes (Periploca), l’acacia
gummifera.
L’Arganier joue dans les
régions où il subsiste un rôle socio-économique de premier plan. Toutes les
parties de son appareil végétatif sont utilisées par les populations locales.
Son feuillage forme un véritable pâturage suspendu, ses fruits sont utilisés
pour la fabrication d’une huile très appréciée par les usufruitiers et pour
l’alimentation du bétail (pulpe et tourteau), son bois est un excellent bois de
feu aussi bien de chauffage que de carbonisation, il est également utilisé dans
la construction des habitations locales en donnant des perches de charpente,
des perchettes à plafond, des portes à claire-voie etc.
L’Arganier n’est pas
sensible aux incendies à cause du sol qui est cultivé et qui est généralement
dénudé durant la période sèche. Il ne présente pas de maladies ni d’insectes
ravageurs, seule la mouche du fruit ou cératite cause des dégâts, surtout
ailleurs aux orangeraies voisines.
Les Acacias.
Le genre Acacia
appartient à la grande famille des Légumineuses et
à la sous famille des Mimosoïdées. Il se rencontre à l’état spontané dans les
régions subtropicales et tempérées chaudes des différentes parties du globe. Il
a par ailleurs fait l’objet de larges introductions dans de nombreux pays.
Les Acacias spontanés au Maroc.
Les Acacias sahariens se
trouvent de l’Océan Atlantique à la mer Rouge en passant des provinces
sahariennes marocaines, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Arabie. Ils existent
aussi en Afrique occidentale et en Afrique du Sud. Au début du quaternaire, ils
formaient de vastes savanes qui devaient s’étendre de l’Afrique occidentale
jusqu’au Sahara marocain, d’où elles se prolongeraient jusqu’en Tunisie et en
Libye.
En Afrique du Nord, il
existe trois espèces d’acacia qui relèvent de l’étage saharien : Acacia raddiana, A. seyal et A. albida ; et un acacia
qui relève du semi-aride : A. gummifera qui est d’ailleurs
endémique du Maroc. Ces espèces représentent les éléments floristiques
tropicaux du monde végétal marocain.
Les acacias sahariens
peuvent se contenter d’une tranche pluviométrique annuelle inférieure à 120 mm
et ne dépassent pas 1.000-1.200 mètres d’altitude. leur minimum de température
est 0°C. Leurs feuilles sont persistantes dans les mêmes conditions que celles
de l’arganier. ils sont comme l’Arganier, des éléments tropicaux.
Au Maroc nous
avons :
Acacia raddiana Savi. (tortilis)
Gommier saharien.
Acacia seyal Del.
Noms vernaculaires :
Talha, Tamat.
Et :
Acacia albida Del. Acacia
blanchâtre.
Ces acacias habitent dans
les provinces sahariennes marocaines au sud de l’Anti-Atlas et du Haut Atlas
oriental. Ils poussent dans les sols pierreux et argilo-sablonneux, et dans les
vallées rocheuses.
Acacia gummifera Wild. Gommier marocain.
Nom vernaculaire :
Taddout.
C’est une espèce
endémique du Maroc qui habite les plaines arides du Maroc occidental et des
basses montagnes qui les entourent : Haouz, Tadla, Rehamna, Djebilet,
Sous, les premiers contreforts du Haut
Atlas occidental et les pentes de l’Anti-Atlas. Il se localise dans les zones
les plus arides, mais douces du pays.
1.100 m.
Il formait jadis des
savanes dans l’enclave climatique aride du Haouz-Tadla.
Acacia farnesiana. Willd. Le Cassie
Nom vernaculaire :
Qîqlân.
Cet acacia se trouve en
Amérique du Sud et en Asie tropicale. il est fréquemment planté dans les
régions tropicales à cause de ses fleurs qui sont utilisées en parfumerie.
Au Maroc, il a été
signalé à l’état spontané dans la région de Taroudant où il pousse ça et là.
Les acacias australiens.
Ces acacias ont été
introduits au Maroc depuis l’année 1924. Les plantations les plus importantes
ont été entreprises surtout dans la région de Sidi Yahia du Gharb.
Leur développement et
leurs accroissements s’avèrent plus importants que ceux qui prévalent dans leur
pays d’origine. les principales espèces acclimatées au Maroc sont :
·
Acacia
mollissima. Willd. est cultivé en plantations en raison de son écorce
qui est riche en un tanin très apprécié.
·
Acacia
dealbata. Link. est cultivée
pour ses fleurs qui sont parfumées.
·
Acacia
horrida. (L.) Willd. est un arbuste très épineux utilisé souvent en
haies.
·
Ces trois dernières espèces ont des feuilles
composées. Quant aux acacias à phyllodes, on a notamment :
·
Acacia
cyanophylla Lindl. Qui est utilisé dans les travaux de fixation des
dunes en raison de son adaptation aux sols sablonneux profonds, de son pouvoir
de rejeter et de drageonner abondamment, en plus il se régénère facilement par
semis. Il constitue aussi un élément très utile pour coloniser facilement
certains sols ruinés et joue ainsi le rôle d’essence de transition avant la
plantation d’essences définitives comme les pins.
·
Acacia
cyclops Cunn. Qui est employé aussi pour la fixation des dunes
maritimes.
·
Acacia
melanoxylon R. Benth. Qui demande des stations fraîches, climats
subhumide et humide, et des sols frais (fonds de ravins). Il peut donner un excellent
bois d’œuvre de couleur sombre à grain fin. Il se régénère facilement par semis.
Les Eucalyptus.
Les Eucalyptus
appartiennent à la famille des Myrtacées qui est représentée en Afrique du Nord
par le Myrte (Myrtus communis),
un arbrisseau très répandu. Leur aire naturelle est spécifique au continent
australien où ils forment un genre extrêmement important puisqu’il renferme
près de six cents espèces ou variétés.
Les Eucalyptus ont fait
l’objet d’introductions dans tous les autres continents et en particulier en
Afrique du Nord où il font partie du paysage floristique au même titre que les
essences naturelles principales.
Au Maroc, l’utilisation
rationnelle des Eucalyptus sur une grande échelle, a débuté en 1943, suite à
une mission entreprise par M. Métro, Directeur à l’époque de la Station de
Recherche Forestière. Des plantations ont été réalisées sur l’ensemble du
territoire national et plus particulièrement, sur la côte atlantique et dans
les plaines. Les plus importantes plantations ont été entreprises dans le Gharb
et dans les vides de la Mamora, qui ont débouché sur «l’opération
cellulose » avec l’installation de l’usine de cellulose de Sidi Yahia du
Gharb.
La plupart des Eucalyptus
ont un tempérament robuste, leur vigueur physiologique et leur puissante
concurrence par les racines, leurs permettent de dominer et d’évincer
progressivement les autres essences qui leurs sont artificiellement associées.
Ils sont aussi caractérisés par leur remarquable plasticité, aussi bien du point
de vue climat qu’à celui du sol.
Ils se régénèrent par
semis et beaucoup d’espèces rejettent vigoureusement de souche. Mais il y en a
qui ne rejettent que très irrégulièrement.
Les espèces les plus
utilisées sont : Eucalyptus
camaldulensis, E. gomphocephala,
E. sideroxylon, E. cladocalyx, E. grandis et E. saligna.
Le bois d’Eucalyptus
offre plusieurs utilisations : le bois de feu, aussi bien de chauffage que
de carbonisation ; le bois à pâte cellulosique ; le bois de mines et
des perches pour l’utilisation locale ; le bois d’œuvre produit par l’E.
gomphocephala.
Par ailleurs, les
peuplements d’Eucalyptus sont utilisés par les apiculteurs pour la production
d’une quantité appréciable de miel.
L’ennemi le plus
redoutable pour les Eucalyptus est un insecte coléoptère : Phoracantha
semipunctata, un xylophage qui cause de sérieux dégâts
Les Peupliers.
Les
peupliers appartiennent au genre Populus
qui relève de la famille des Salicacées qui comprend notamment le genre Salix
dont les Saules font partie.
Ils occupent une aire
importante entre le trentième et le cinquante cinquième parallèle de
l’hémisphère Nord. On les trouve en Amérique du Nord, en Europe, en Asie, en
Afrique et spécialement en Afrique du Nord. Ils ont une grande importance
économique en raison de la rapidité de leur croissance et de la bonne qualité de leur bois qui est blanc,
tendre, sans nœuds, léger et sans odeur. Leur bois est donc apte au déroulage
et au tranchage.
Ce sont des arbres
exigeants en lumière et en eau, et demandent des sols profonds et assez riches.
De plus ce ne sont pas des essences sociales. Ils ont une croissance rapide,
mais ils ont généralement une faible longévité.
La reproduction par
graines est pratiquement assez difficile et ne reproduit pas fidèlement les
semenciers puisque la fécondation croisée est obligatoire. Par contre la
multiplication végétative, par boutures et parfois par drageons, est très
facile. Cette aptitude conditionne les techniques de culture et permet de
propager largement et indéfiniment un individu ayant des qualités ou des
particularités intéressantes. Un individu remarqué est la tête de clone, qui
par multiplication végétative perpétue le clone ou cultivar (cv.).
La classification des
peupliers est assez particulière. Ils sont divisés en cinq sections :
Section
Leuce : qui englobe les peupliers blancs et les trembles. Son aire
est très vaste : Amérique du Nord, Europe ; elle est représentée en
Afrique du Nord.
Section
Aigeiros : ou peupliers noirs dont l’aire est plus restreinte en Amérique et en Europe,
mais ils sont à l’origine des peupliers cultivés. On en trouve aussi en Afrique
du Nord.
Section
Tacamahaca : ce sont les peupliers baumiers qu’on trouve en Asie
et en Amérique. Leur importance économique est assez faible.
Section
Leucoïdes : qui ne sont qu’une simple curiosité botanique
d’Amérique du Nord et d’Asie.
Section
Turanga : dont l’aire est subtropicale en Asie et en Afrique. Elle
est représentée au Maroc.
Au Maroc, on adopte la
classification suivante qui est plus pratique :
-
Le peuplier blanc,
-
Les peupliers noirs,
-
Le peuplier de l’Euphrate,
-
Les peupliers deltoïdes,
-
Les peupliers euraméricains.
Le peuplier blanc.
Populus alba L.
Section Leuce.
Noms vernaculaires :
Safsaf abiad, Asefsaf Amellal.
Il est spontané en Europe
méridionale occidentale, en Asie centrale et occidentale ainsi qu’en Afrique du
Nord.
Au Maroc, il pousse sur
les berges des cours d’eau permanents ou semi-permanents mais ne dépasse pas
l’altitude de 2.000 mètres. Il pénètre même au Sahara. Il affectionne les sols
frais et peut supporter les sols salés.
Trois variétés de
peuplier blanc existent au Maroc :
·
Var.
Hickeliana (Dode) Maire. C’est la variété la plus répandue,
reconnaissable par son port plus ou moins pleureur et ses feuilles oblongues.
·
Var. subintegerrima Lange. Elle est plus méridionale, on la
trouve dans les cours d’eau du Haut Atlas et du sud.
·
Var.
microphylla Maire. On la trouve dans le Sous. Elle est reconnaissable
par ses très petites feuilles.
Sa longévité serait de l’ordre
d’une cinquantaine d’années. Il se reproduit par semis, rejette de souche et
drageonne abondamment. Du fait de la malformation du tronc, son bois est peu
utilisé. Mais des clones de belle forme sont multipliés.
Dans le sud il procure
des perches qui sont utilisées dans les constructions locales.
Les peupliers noirs.
Populus nigra L.
Section Aigeiros.
Nom vernaculaire :
Safsaf.
Trois sous espèces
spontanées ou subspontanées existent au Maroc :
· Ssp. neapolitana (Ten.) Asch. et Gr.
·
Ssp. thevestina
(Dode) Asch et Gr.
·
Ssp.
Italica (Du Roi) Asch et Gr.
La première sous espèce
est spontanée au Maroc, elle existe en montagne, notamment dans les vallées du
Moyen Atlas, du Haut Atlas et du Sagho où il peut atteindre 2.100 mètres
d’altitude. il croît le long des cours d’eau et affectionne les berges des eaux
courantes. Son bois est noueux de faible valeur économique, mais l’arbre est un
bon fixateur des berges car il rejette et drageonne bien.
Les deux autres sous
espèces sont subspontanées, elles ont été introduites au Maroc depuis très
longtemps d’Asie centrale et d’Orient. La ssp.
Italica est rare au Maroc, mais la ssp
thevestina est généralement connue sous le nom de peuplier d’Italie.
Le peuplier de l’Euphrate.
Populus Euphratica Oliv.
Section Turanga.
Noms vernaculaires :
Safsaf, Asefsaf, Afsas.
Ce peuplier croît le long
des cours d’eau des régions arides et sahariennes du Maroc. Il a été signalé
sur de petites stations à Settat, Berkane, Midelt, Debdou, Figuig, et dans la
vallée de l’Oued Ziz au Tafilalet.
Il peut être intéressant
pour la fixation des berges du fait qu’il rejette et drageonne abondamment, et
pour la production de bois dans les régions déshéritées du fait qu’il est
adapté aux régions chaudes et arides et aux sols chlorurés mais bien
approvisionnés en eau.
Les peupliers deltoïdes.
Populus deltoïdes Marsh.
Ce sont les peupliers
noirs américains.
Cette espèce est répandue
dans les zones tempérées de l’Amérique du Nord. Le clone de peupliers
américains planté au Maroc est le peuplier Carolin :
Populus deltoïdes Marsh. Cv. ‘Carolin’.
Il se bouture
difficilement (50 %), demande un sol bien alimenté, il est exigeant en lumière
et sensible au froid.
Son bois est de bonne
qualité, assez lourd et agréablement coloré. Il peut donner du bois de
déroulage. aussi est-il surnommé le noyer du pauvre.
Les peupliers euraméricains.
Ce sont des hybrides
apparus fortuitement, et obtenus par croisement de Populus nigra d’Europe et
l’espèce américaine Populus deltoïdes. Les clones les plus plantés au Maroc
sont :
·
Populus
x euramericana (Dode) Guinier cv. ‘Robusta. Mais il semblerait que le
climat du Maroc ne lui convient pas car il feuille irrégulièrement et dépérit.
·
Populus
x euramericana (Dode) Guinier cv. I 214. Planté au Maroc depuis
longtemps, il semble donner d’excellents résultats avec un accroissement très
rapide. Son bois serait excellent pour le sciage et le déroulage.
Les autres essences feuillues.
D’autres espèces
feuillues qualifiées d’essences secondaires ou subordonnées font partie des
écosystèmes forestiers et ont leur rôle à jouer dans le maintient des
équilibres écologiques. Elles doivent être connues puisqu’elle font partie
intégrante de la forêt.
Certaines espèces
introduites ont un intérêt pratique reconnu, d’autres ne sont utilisées qu’à
titre ornemental.
Les principales essences
subordonnées sont :
Essences spontanées :
Le Bouleau : Betula
alba L. em. Du Roy. Cet arbre septentrional n’existe que dans les
ravins humides et siliceux du Rif central.
L’Aulne glutineux : Alnus
glutinosa grertn. C’est un arbre très rare qui n’existe aussi que dans
le Rif.
Le Micocoulier : Celtis
australis L. C’est un très bel arbre que l’on rencontre dans les ravins
frais des montagnes du Maroc. Il est aussi utilisé comme arbre ornemental. Il
donne un très joli bois apte à se courber.
Le Laurier noble ou Laurier sauce : Laurus nobilis L. C’est un petit arbre très rare au Maroc
que l’on trouve dans le Rif, pays de Tanger et Ksiba dans le Moyen Atlas. Ses
feuilles sont utilisées comme condiment.
Le Poirier de Mamora : Pyrus
mamorensis L. C’est la seule espèce arborescente accompagnant le Chêne
liège sur la côte atlantique, soit à l’état isolé, soit rarement par groupes.
Il affectionne surtout le pourtour des dayas. Il se reproduit par rejets de
souche, par drageons et par semis.
L’Alisier torminal : Pyrus
(sorbus) torminalis Ehrb.
L’Alisier blanc : Pyrus
(sorbus) aria Ehrb. Ces deux alisiers sont de petits arbres à feuilles
caduques que l’on trouve dans l’étage humide en compagnie du Cèdre et de Chêne
vert. Leur bois est de bonne qualité, mais pratiquement il est inutilisé.
Le Caroubier : Ceratonia
siliqua L. C’est un très bel arbre pouvant atteindre de grosses
dimensions. Ont le trouve surtout à l’état isolé dans l’étage du thuya et du
genévrier rouge, ainsi que la partie supérieure de l’Arganeraie. Il est propagé
comme arbre fourrager, ses gousses ou caroubes ont une grande valeur
alimentaire, elle sont utilisées aussi comme produits pharmaceutiques.
Le Pistachier de l’Atlas : Pistachia
atlantica Desf. Ce pistachier est un arbre magnifique pouvant atteindre
15 à 20 mètres de hauteur et un diamètre dépassant souvent 100 cm. Sa cime est
volumineuse et de forme arrondie. On le trouve à l’état disséminé dans toutes
les forêts chaudes de l’Afrique du Nord.
Il est comme l’arganier,
un arbre de l’étage aride et que l’on trouve accessoirement dans le semi-aride.
Il est très rustique, à tempérament vigoureux et qui se contente de 200 à 250
mm de pluie. Dans les montagnes sèches, on le trouve jusqu’à 2.000 mètres
d’altitude.
L’Erable de Montpellier : Acer
monspessulanum L. On le trouve à l’état isolé dans les forêts humides
du Moyen Atlas et dans les ravins humides du Haut Atlas, en compagnie du Cèdre
et du Chêne vert.
Les Tamaris : Tamarix
aphylla (L.) Karst., T.
gallica L., T.speciosa Ball.,
T. Africana Poiret. Ces
arbres poussent le long des cours d’eau de tout le Maroc. Le premier étant
cantonné le long de la bordure nord du Sahara.
Le Frêne oxyphylle : Fraxinus
angustifolia Vahl. Il habite les berges des cours d’eau des plaines,
des basses et moyennes montagnes de tout le Maroc à l’exception de
l’Anti-Atlas.
Le Frêne dimorphe : Fraxinus
xanthoxylides Wall. Ce Frêne pousse dans les forêts et les rochers des
basses et moyennes montagnes du Maroc sauf
dans le Rif.
L’Oléastre : Olea
europea L. var. oleaster DC. L’Olivier sauvage est l’essence
secondaire la plus commune et la plus importante de l’Afrique du Nord. Au Maroc
on le trouve dans les régions atlantiques, dans le Moyen Atlas, le Haut Atlas
et dans la région de l’Arganier.
Divers :
Les Aubépines (Crataegus monogyna, C. lacineata).
Le Lentisque (Pistacia Lentiscus).
L’Arbousier (Arbutus Unedo).
Le Houx (Ulex aquifolium).
La Bruyère (Erica arborea).
Le Filaria (Phyllerea media),
L’Eglantier (Rosa canina),
La Ronce (Rubus ulmifolius).
Les lianes, les genêts,
les Cistes, les Cytises, les Lavandes etc.
Essences subspontanées ou introduites :
Le Filao : le genre Casuarina a
été longtemps classé parmi les gymnospermes, ses rameaux sont articulés comme
ceux des prêles. Il est originaire des rivages de l’Océan Indien. Ses espèces
ont une croissance rapide, rejettent de souche et donnent un bois d’œuvre
apprécié. Elles peuvent réussir dans les sols salés. L’espèce la plus utilisée
au Maroc est Casuarina cunninghamiana
Miq.=C. de Cunningham. Elle est utilisée comme brise vent ou comme
arbres d’alignement en bordure des propriétés.
Les Saules : Salix babylonica L. ou Saule pleureur, qui est originaire de
Chine. C’est un arbre subspontané au Maroc où il est planté à titre ornemental
au voisinage immédiat des cours d’eau. la famille des Salicacées englobe aussi
les peupliers.
Le Noyer : Juglans regia L. il est subspontané au Maroc et occupe dans
les vallées du Haut Atlas et du Rif une place très importante en raison de la
haute valeur économique de ses fruits et de son bois très recherché pour le
tranchage. Son exploitation fait l’objet d’une législation spéciale.
Le Févier d’Amérique : Gleditschia triacanthos L. Cet
arbre est importé d’Amérique du Nord. Il est utilisé surtout pour ériger des
haies très défensives en raison de ses grandes épines.