Pétrographie (Suite: Le volcanisme du causse moyen Atlasique)


Pétrographie (Suite: Le volcanisme du causse moyen Atlasique):
a- Le basalte du coup du Camping d’Ifrane
- Texture et composition :
Macroscopiquement la roche sur laquelle s’est développé le profil d’altération du Camping d’Ifrane est homogène, assez dense et de couleur gris clair. Au microscope polarisant la texture microlitique est nette. La roche est plus ou moins vacuolaire et présente deux parties distinctes : des phénocristaux et une mésostase. Deux constituants se représentent en phénocristaux : les olivines et les pyroxènes. Ces mêmes minéraux se trouvent aussi en microcristaux et sont associés dans la mésostase et à des microlites de feldspaths et à des minéraux opaques. La mésostase est entièrement ou presque cristallisé. Elle est dominée quantitativement par des microlites, suivie par des pyroxènes, les minéraux opaques et enfin l’olivine (Tab. 1). Quelques graines d’apatite ont aussi été occasionnellement observées. Le verre, quasi-absent, n’est rencontré qu’exceptionnellement. Les phénocristaux représentent environ 20 % de l’ensemble de la roche. Parmi eux, les olivines montrent une légère prédominance par rapport au pyroxène (Tab. 1).

La composition modale totale de la roche, déterminée par comptage au microscope polarisant, est donnée dans le tableau 1.

- Analyse des minéraux :
Elles se reconnaissent aisément en LN à leur forme hexagonale à globulaire et surtout à leurs craquelures caractéristiques. Elles sont subautomorphes à automorphes. Les microcristaux ont des tailles variables et sont disséminés dans l’ensemble de la roche, au contraire des phénocristaux, souvent groupés en agrégats qui correspondraient à des cumulats gravitaires dans le magma en voie de cristallisation.

Dans cette roche, considérée comme non altérée, les olivines sont déjà corrodées et particulièrement modifiées. Elles présentent en bordure une couronne de 30 à 40 μm d’épaisseur formée d’iddingsite. Celle-ci sera étudiée plus en détail par la suite. Elles sont riches en MgO (41%) et se situent près du pole forstérite (77% Fo, 23%Fa). Leur composition varie du coeur ver le périphérique des cristaux.
En dehors de l’auréole iddingsitisée, les phénocristaux présentent un enrichissement en Fe et Mn, et parallèlement en Mn et Sn, du coeur vers le périphérique des cristaux. La bordure des phénocristaux a une composition chimique identique à celle de microcristaux de la mésostase.

- Les pyroxènes : Ils sont présents sous forme de phénocristaux et de microcristaux dans la mésostase. Les phénocristaux de pyroxène et les phénocristaux d’olivine sont souvent imbriqués. Ils s’en distinguent au microscope polarisant par un relief plus faible, une tendance pléocroїque jaunâtre et des clivages orthogonaux sur les faces basaltes des minéraux. Ils se présentent en cristaux subautomorphes d’une dimension moyenne de 0.8 mm pour les phénocristaux et de 0.1 mm pour les microcristaux. Ils peuvent atteindre 2ou 3 mm. Ces dernier sont souvent serres et imbriqués.
En coupe, ils ont une forme carrée, mais parfois allongée. Certains phénocristaux sont également allongés, mais beaucoup le sont peut. La plupart des cristaux présentent une zonation bien marquée. Souvent maclés (parfois nette en sablier chez les microcristaux), ils peuvent aussi présenter en inclusion des cristaux d’olivine et de minéraux opaque. L’angle d’extinction oblique (proche de 50°) permet de placer ces pyroxènes dans le groupe des clinopyroxènes.

Leur composition chimique est typique des augites (40 Ws, 30 En, 30 Fe). La zonation observée au microscope polarisant et confirmée par l’analyse chimique ponctuelle par microsonde et EDS. Bien que la variation de composition chimique soit faible, on note cependant une diminution du MgO, SiO2 et de Cr2O3 et corrélativement une augmentation de Fe2O3, d’Al2O3 et de TiO2 du coeur vers le périphérique des cristaux. Ces augites sont assez riches en titane (0.8 à 1%).

- Les feldspaths : Ils se présentent en baguettes allongées à contours fins de 3/100 à 2/100 mm de longueur sur 1/100 à 2/100 mm de largeur en LN, ils deviennent gris en LP. Les cristaux présents toujours au microscope polarisant la macle polysynthétique des plagioclases. Ils sont très rarement zonés. Par composition chimique, ces feldspaths correspondent exclusivement à des plagioclases de type labrador.
- Les minéraux opaques : Ces minéraux, automorphe, se présentent dans la roche sous deux faciès : un faciès en grain équidimensionnels très fréquent et un faciès aciculaire plus rare. Ces deux faciès correspondent respectivement par leur composition chimique à la titanomagnétite et l’ilménite. L’ilménite (FeTiO3) présents une teneur en titane plus élevée que la titanomagnétite (FeO.Fe2O3 à 2FeO.TiO2) (DEER et al. 1966).
- Le verre basaltique : C’est le verre basaltique qui peut être présent en traces, mais qui n’a pu être repéré précisément ni en microscopie optique, ni en microscopie électronique à balayage, n’a fait l’objet d’aucune analyse ponctuelle.
- Le quartz : L’un des minéraux liés génétiquement au magma basaltique initial (olivines, augites, labrador et minéraux opaque), la roche renferme aussi parfois du quartz. Les plages d’environ 2 mm de diamètre, sont globulaires, craquelées et présentent une extinction roulant en LP. Elles correspondaient à des enclaves empruntées aux roches traversées par le magma basaltique au cours de son ascension.

b. Composition chimique de la roche totale :
La composition globale (Tab. 2) situe la roche, dans le domaine des basaltes alcalins. Les basaltes porteurs des enclaves ultrabasiques étudiés ont donné les mêmes résultats.

Tab.2 : Composition chimique globale de la roche saine et des principaux faciès d’altération de la coupe de Camping.

c. Cadre géodynamique :
Replacé dans le cadre de la convergence Europ-Afrique, le volcanisme alcalin néogène et quaternaire du Moyen Atlas se met en place pendant deux phases majeure de serrage de l’arc bético-rifain.
Au Ianghien Serravallien (= de 15 à 11 M a.) a lien une phase importante de plissement avant de développement d’une schistosité(N.120) et rejoue en décrochement senestre des accidents N 40-70. La localisation des appareilles miocènes, sur des accidents N 40-60 témoignerait, dans l’avant-pays, d’une réactivation de ceux-ci, lors de paroxysme tectonique rifain. Pendant l’exhaussement du Maroc centrale.


Deux des âges miocène obtenus sur le complexe de Talzast ne peuvent être rattaché à cette phase. Cependant l’un d’entre eux (7.5+_ 0.5 Ma.) pourrait être contemporain de la brève phase compressive finie tortonienne (8 Ma) reconnue au Maroc et en Algérie. Pendant le Quaternaire moyen jusqu’à l’époque actuelle, une phase de déformation affect la plus grande partie de l’arc Gibraltar. Les mesures microtectoniques, les axes de plis et le jeu de décrochement indiquent une direction de raccourcissement générale NNW SSE. Cette phase serait situé aux environs de 1.5 M a, et se poursuivrait jusqu’à l’actuel. L’examen de la répartition de la séismicité naturelle a permis de mettre en évident l’existence au Maroc d’un linéament sismique important. Depuis l’accident de Nekor au Nord, ce linéament prend en écharpe le Moyen Atlas et se poursuit dans le Haut Atlas jusqu’à Agadir. L’étude des mécanismes au foyer montre le long de cette ligne : l’existence d’une part ; d’un axe de pression voisin de l’horizontale et de l’orientation comprit entre le N-S et NW-SE. D’autre part, le coulissage senestre suivant un plan de faille NE-SE (Agadir. 29/02/1960). De plus ;


l’existence de séisme intermédiaires (100 à 150 km) a été reconnue dans le Moyen Atlas et l’Atlas de Beni-Mellal.
En raison de l’important recouvrement lavique ; il n’est guère possible d’observer les relations entre facturation de substratum et volcan quaternaire. Cependant à proximité de la zone volcanisée, les accidents majeurs dessinent une virgation de N.30-40 à N.60-70. Cette direction N.60-70 est également celle de plusieurs alignements volcanique, celui de djebel Tahabrit par exemple. La contrainte maximale (ơ1) NNW-SSE (définie par les données microtectoniques et sismique) n’est pas compatible avec un jeu décrochant le long d’accidents N. 60-70. Dans la zone de blocage qui en résulte, l’intensité des contraintes serait maximale mettant en tension l’ensemble de la croûte et affectant la lithosphère jusqu’à des profondeurs de l’ordre de 150 km (séismes intermédiaire). La compression pourrait être absorbée par une extension secondaire orthogonale.


Les ouvertures sont petites, nombreuses et localisées à la zone de relais entre accident, ce qui se traduit par l’absence de dykes importants et la présence d’un grand nombre de volcans monogéniques selon un pseudo-alignement des centres éruptifs simulant une vaste fente de tension N.170.
Ces factures permettent une remontée rapide des magmas alcalins ce que semble indiquer l’absence de produits différenciés, la présence dans certains volcans de nombreuses enclaves péridotiques ou le grand volume de laves parfois mis en place. Par exemple, le coulé de djebel Tamarafoit se prolonge sur 120 km presque.

La fracturation de développement simultanément sur l’ensemble de la zone de blocage, il n’y a logiquement pas de répartition évidente des points d’émission en fonction du temps. Un tel système fonctionne tant que le régime compressif se maintien avec une intensité suffisante (durant 1.3 M. a environ dans le Moyen Atlas).

Conclusion :
Le moyen atlas contient plusieurs particularités qui le distinguent des autres domaines structuraux du Maroc, de même le causse moyen atlasique est caractérisé entre autre par la concentration des épanchements quaternaires essentiellement effusif et une morphologie affecté par un géodynamisme actif, cela augmente le nombre de facteurs qu’il faut mettre en compte pour reconstruire l’histoire volcanique de la zone étudiée.

Bibliographie :
ADALLAL Rachid. (2013) : Etude hydrochimique des systèmes lacustres et sédimentation actuelle dans les lacs Azigza et Tigalmamine (Moyen Atlas, Maroc).
Harmand, C. et Moukadiri, A. (1986) : Synchronisme entre tectonique compressive et volcanisme alcalin : exemple de la province quaternaire du Moyen Atlas (Maroc).
Lhoucine KARRAT. (1992) : Altération météorique de basaltes quaternaires en domaine méditerranéen de montagne (Moyen Atlas, Maroc).
Jaque MARTIN. (1981) : Le moyen atlas central étude géomorphologique. Edition du service géologique du Maroc Rabat.
Pr.A.Ntarmouchant/H.smaili/K.sabri. (2012) : Le volcanisme plio-quaternaire du moyen atlas. Région de timahdite.
Rachid ADALLAL. (2013) : Etude hydrochimique des systèmes lacustres et sédimentation actuelle dans les lacs Azigza et Tigalmamine (Moyen Atlas, Maroc).
Previous Post Next Post